20/11/2006

Pourquoi a t-on l’impression d’avoir déjà vécu tel événement ?

Tout à l’heure, ou hier, ou l’autre jour, vous avez croisé un inconnu, subi une situation, vécu un événement. Quoi de plus normal et habituel. Seulement, cette fois là, qui vous préoccupe, vous avez eu la sensation, la certitude d’avoir déjà vu cet inconnu en d’autres circonstances, particulières ou non ; cet événement vous parle spécialement : chaque seconde vous en était déjà connue, alors que vous ne l’aviez pourtant jamais rencontré.

Ailleurs, peut être dans une autre vie, qui sait. Ou alors, vous avez un don de prémonition, ou quelqu’un, quelque chose vous avait averti que... Magie de l’existence, forces inconnues, message de l’au delà, ou d’une autre civilisation peut être. Certains livres recensent les coïncidences et pro­posent des théories étranges pour les expliquer évoquant des phénomènes inconnus de la science censés favoriser les rencontres inattendues. D’où l’évocation de civilisations extraterrestres adressant des mes­sages à l’humanité, des esprits intervenant dans le cours nor­mal du monde, ou des phénomènes non reconnus par la science officielle qui provoqueraient rapprochements et rencontres mira­culeuses, etc.

On peut avoir très honnêtement le sentiment d’une coïncidence extraordi­naire, voire magique, alors qu’il n’y a rien d’étonnant et, qu’en y regardant de près, le fait est banal.

Toutes ces coïncidences relevant du surnaturel ont des explications très simples. Elles sont dues à :

1/ l’effet d’ignorance ou expliquées par des lois non reconnues : certaines coïncidences véritables résultent de lois (de bon sens, mathématiques ou autres) qui les expliquent complète­ment : les numéros des maisons de mon trottoir sont, sans aucune exception, impairs, ou : les routes passent exactement sous les ponts.

2/ La fameuse loi des séries : la loi des séries résulte de notre volonté de régulariser le hasard. Dans la même veine, ce que nous croyons improbable est parfois certain. L’attente excessive d’étalement conduit à considérer comme trop peu étalés des points pourtant normalement répartis sur une surface plane : notre esprit n’a pas une idée exacte de ce qu’est une répartition aléatoire et répartit les points plus régulièrement que le hasard pur ne le fait.

Prenons 12 dates au hasard dans l’année. Si les dates sont bien étalées, l’écart minimum sera environ de 30 jours. En fait 82,5% des tirages donnent deux dates rapprochées de 0 à 4 jours. Cet effet statistique tout à fait normal permet aux gens d’amener une part de surnaturel dans leur vie en disant par exemple que ce qui est arrivé risque de se repro­duire rapidement (dont on déduirait le fameux «jamais deux sans trois»), que les malheurs arrivent groupés ou que les événements de même catégorie se produisent ensemble.

Si certains événements semblent arriver par série (accidents d’avion successifs, cata­clysmes à quelques semaines d’inter­valle, crimes identiques presque si­multanés, etc.), c’est aussi que les journalistes s’intéressent aux sujets et les mettent en valeur selon l’intérêt éphémère du public, suicides, meurtres policiers, accidents de passages à niveaux, etc. Ce regard sélectif donne l’illusion que certaines catégories d’événements se produisent par salve alors qu’en réalité des faits analogues se produisent constamment sans qu’on en parle. Notre esprit joue parfois lui aussi ce rôle de sélection, donnant l’illusion de séries anormales.

Il existe aussi des explications parfaitement rationnelles à certains regroupements temporels véritables. Les accidents d’autocar se produisent en série l’été parce qu’il y a beaucoup plus de cars qui circulent, que les conducteurs font des trajets qu’ils ne connaissent pas très bien, sont épuisés par la surcharge de travail créée par les touristes plus nombreux, et tout simple­ment parce que la circulation routière est plus dense. Les noyades aussi se pro­duisent en période estivale, les accidents mortels de ski quand il y a de la neige, les inondations plutôt au printemps, les bizutages plutôt à l’automne, etc.

3/ Enfin, les statistiques présentent des résultats défiant la simple et pauvre logique humaine dite de bon sens. Exemple : combien de personnes doit-on réunir pour que la probabilité que deux d’entre elles au moins possè­dent la même date anniversaire dépasse 50 pour cent ? Réponse : 23 personnes. C’est à dire que si vous réunissez une centaine de personnes dans une soirée, il est presque certain que deux personnes s’y rencontrant aient la même date d’anniversaire. Pourtant les gens s’extasieront de cette coïncidence, signifiant certainement « quelque chose » !

Le problème est que les margoulins de toute sorte en profitent pour tirer leur argent de l’attente de merveilleux qui caractérise notre espèce humaine. Il est plus facile de chercher son avenir dans les astres plutôt que d’y comprendre les forces fantastiques s’y exerçant, mais qui sont bien matérielles. Il est plus simple de croire aux multiples et très hypothétiques prédictions de Nostradamus, que d’analyser le pourquoi des événements.

Sectes, affabulateurs, religions mêmes, mouvements politiques aussi, voyants et autres rigolos prolifèrent sur le terreau de l’ignorance. Les décideurs laissent faire, parfois dupes eux mêmes, comme Mitterrand entre autres qui demandait l’avenir à E Teissier, à qui on permit même de passer une thèse à la Sorbonne, signe du désarroi atteignant les plus hautes sphères de notre société.

Mais comme les anciens rois de France tiraient leur pouvoir sur le peuple de sa croyance en la religion, rois de droit divin, ceux actuels, qu’on nomme pudiquement présidents, profitent honteusement avec toute leur caste de l’ignorance. Qui jouerait au loto s’ils savait avoir une chance sur 14 millions de gagner ? Qui fumerait s’il connaissait tout le poison mis dans son corps ? Beaucoup encore, assurément. Car l’éducation se fait surtout dans la jeunesse, plus difficilement après. Les idées principales sont alors ancrées. Et puis que dire de tous ces messages publicitaires vantant le mensonge tabagique (c’est être grand, libre, aimé que de fumer par exemple) ou du jeu entre autres, puissance financière, dégât de l’esprit, face à si peu d’éducation globale sur la vérité ?

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