20/11/2006

Maltraitances au quotidien

Au-delà des maltraitances qui tuent chaque semaine trois enfants en France, et des violences brutales visibles, il y a d’autres formes de violences qui ne se voient pas et dont les enfants ne se plaignent même pas. Ils les ont intériorisées comme faisant partie du processus éducatif normal, cela peut amener enfants et adolescents à développer un sentiment de méfiance, et d’insécurité, un comportement agressif ou encore inhibé.

Cette violence banale est érigée en méthode éducative par toutes les institutions (famille, école, hôpital, justice...). En famille, c’est la parole blessante, le geste de mépris, l’insulte, l’humiliation. L’enfant à qui l’on dit : t’es mauvais, t’es nul, tu réussiras rien. L’enfant qui n’est jamais appelé par son prénom, mais par un surnom dévalorisant (“tête de lard”). L’enfant que l’on gifle, à qui l’on administre une fessée, plus pour défouler l’adulte que dans un but éducatif poursuivi dans l’amour.

Sur 700 000 naissances annuelles en France, on sait que 600 000 enfants recevront une fessée très rapidement. 45 % des milieux socioculturels fragiles pratiquent régulièrement la fessée, mais aussi 19 % des professeurs de l’enseignement supérieur. Pourtant, frapper, c’est montrer une impuissance absolue ! L’enfant le voit et s’engage dans la faille.

C’est pour ton bien... Pour le “bien” des enfants, chaque jour, s’exercent des formes de maltraitances trop anodines, trop banales, trop répétées pour qu’on y prête attention. t’es une bonne à rien, une pauvre idiote, tu seras une clocharde, un raté.

Prononcées par une personne ayant un ascendant sur l’enfant, ces phrases s’inscrivent dans le psychisme et deviennent des prophéties négatives. Plus les enfants arrivent avec des fragilités à l’école, plus elle les casse. L’école, c’est bien pour les enfants qui vont bien.

L’école a souvent été mise sur la sellette. Elle accueille des enfants de deux ans qui savent à peine parler. “Trente enfants avec une institutrice qui n’est pas formée pour les tout-petits, alors qu’entre deux et trois ans, se jouent énormément de choses au niveau du développement linguistique, voilà qui fait injure à la confiance des parents. Au collège, au lycée, les élèves doivent parfois affronter le mépris, les attitudes de domination excessive, de non-écoute des professeurs.

A la liste des violences cachées, s’ajoute le manque de mots, générateur d’agressivité. Les enfants qui n’ont pas appris à s’exprimer par manque de bienveillance et d’exigence développent un langage de ghetto. Les violences dont les filles sont victimes à l’école parce qu’elles travaillent mieux que les garçons.

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