17/11/2006

Les syndicats protègent surtout les plus forts

Les syndicats sont là pour protéger les salariés de la branche ou de l’entreprise concernée. Cette double appartenance pose déjà problème, puisque les intérêts de la branche peuvent très bien ne pas être ceux de l’entreprise. Par contre, une chose est sûre, ceux de l’entreprise ne sont pas souvent ceux de la nation. Ainsi les syndicats sont fréquemment les alliés de l’obscurantisme, se refusant à toute évolution sociale réelle. Par exemple ils se refusaient à toute restructuration des mines de charbon, ce qui faisait que chaque salarié coûtait plus cher qu’il ne rapportait à la France, bien plus cher souvent.

Ils pourraient dire qu’ils jouent leur rôle. Drôle de rôle, permettant au pays de s’enfoncer toujours davantage dans la faiblesse économique. Le problème est de voir certaines professions très protégées par les syndicats, alors que d’autres ne sont concernées par personne. Ils vous rétorqueront que les gens en faisant partie n’ont qu’à se syndiquer, et ils n’auront pas tort, à condition d’oublier les conditions de force en présence. C’est facile aux salariés d’EDF de se mettre en grève, prenant le pays en otage, alors que la production de courant électrique est vitale pour bien des usages. EDF a le monopole de production en France, et les salariés savent donc qu’ils ne seront concurrencés ni remplacés par personne. Cela leur a permis, au fil des grèves ou des menaces d’arrêt de travail d’avoir de très bons salaires, de bénéficier d’avantages exorbitants, par exemple 1 % de la masse énorme du chiffre d’affaire de l’entreprise va entre les mains du comité d’entreprise.

Si les salariés du métro parisien se mettent en grève, c’est toute une région qui est complètement bloquée. Là aussi ils ont de très bons salaires pour un travail guère fatiguant. La retraite à cinquante ans, un bon comité d’entreprise, un avancement garanti…

De l’autre coté, ou plutôt de bien d’autres cotés, beaucoup d’autres professions regardent leurs avantages bouche bée. Les femmes de ménage peuvent se mettre en grève, qui en a cure ? Qui les protégera ? Les ouvriers du bâtiment ont un travail difficile, dangereux, épuisant, soumis aux intempéries. Sont-ils bien payés pour autant ? S’ils font beaucoup d’heures supplémentaires, ils pourront presque avoir le salaire tranquille des professions vues ci-dessus, et encore. Et leur avancement ? La question les ferait rire. Soumis aux aléas des chantiers, souvent situés loin de chez eux, ils vont de travail en travail, contents d’être payés.

Quant à la grève, vaut mieux ne pas y penser, car leur salaire leur est indispensable. Pas question de faire ensuite grève pour que la première grève soit payée. Souvent immigrés, ou issus des milieux défavorisés, les ouvriers se contentent, bien obligés, de ce qu’on veut bien leur donner, heureux lorsqu’ils ne sont pas atteints par les multiples maladies du travail, non reconnues la plupart du temps, car ils manipulent bien des produits dangereux : peintures, soudures, amiante… ou ne souffrent pas des accidents de travail, alors que les conditions de sécurité ne sont la plupart du temps pas respectées, les grandes entreprises obtenant les gros contrats se dédouanant judiciairement de la suite en passant par d’autres entreprises sous-traitantes, comme pour la réalisation de l’opéra de la bastille par exemple, qui s’est réalisée en bonne partie à l’aide d’une main d’œuvre illégale de sans papiers, corvéables à merci, sans protection sociale ni paiement de taxes.

Les syndicats participent ainsi à l’injustice générale de la nation, à l’abri de leurs beaux discours revendicateurs, ils ne sont en fait là que pour protéger ceux déjà les plus protégés, à peu d’exceptions près. Ce qui est sûr est que les laissés pour compte sont nombreux, et que personne ne les protège, ceux là.

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