17/11/2006

Les USA, Don Quichotte du Bien contre le Mal irakien

C’est le nombre de morts irakiens dû à leur intervention inutile, chassant un tyran qu’ils avaient protégé durant des décennies, aidé à envahir l’Iran. La guerre civile en Irak tue peu d’américains, pour beaucoup d’origine étrangère (à qui on a promis la citoyenneté américaine en échange de leur engagement militaire), mais tue de plus en plus d’irakiens dans une guerre fratricide.

Le pouvoir américain, pas plus mauvais qu’un autre, à quelques exceptions près, pas meilleur non plus certes, fait son boulot d’état : privilégier ses ressortissants, tous prêts à l’acclamer, comme ils le font pour la plupart dès le lever, en jurant fidélité sur la bible et sur le drapeau dans chaque école du pays. Les américains représentent une minorité du peuple humain, et utilisent une majorité de toutes les dépenses énergétiques de la planète, sont capables de détruire n’importe quel pays s’ils le veulent, et ne s’en privent pas par leur guerre économique ou guerre tout court, dans laquelle ils perdent peu.

La guerre d’Irak, en ce qui concerne sa phase exécutoire, fut un chef d’œuvre démonstratif de leur puissance. Les bombes dites ciblées épargnèrent relativement les civils, détruisant l’ensemble des infrastructures du pays, et ne faisant pas comme lors de la première guerre une destruction de pans entiers de l’armée irakienne. Puis la belle logistique américaine, quoiqu’un peu trop présomptueuse, débarqua ses hommes sur la terre arabe. Là encore, tout avait été fort bien préparé, et bien des non américains en faisaient partie, permettant au beau sang bleu US de ne pas être versé. Mais ces victimes consentantes tombant parfois sur le sol honni étaient récompensées : ils furent naturalisés américains. Pas leur famille certes, qui parfois devaient s’en aller du pays de cocagne. Mais, bon, il ne fallait pas chercher la petite bête. A la guerre comme à la guerre.

La suite se grippa. Toute la reconstruction économique de l’Irak fut confiée en très grande partie aux entreprises américaines, et un peu aux valets les ayant suivis. Las, les irakiens ne l’entendaient pas de cette oreille, ces terroristes dans l’âme, dont les liens avec Al Qaïda ne purent être prouvés ni les armes de destruction massive trouvées, contribuèrent un peu plus à détruire leur pays, tuant, violant, rançonnant, faisant exploser les quelques services techniques fonctionnant encore, privant ainsi le beau pays de la liberté (les USA bien sûr) de se rémunérer sur les exportations pétrolières de l’infâme pays libéré de son horrible dictateur. Pourtant, c’est bien ce qui avait été prévu : les Etats Unis feraient la guerre à l’Irak, en théorie pour répondre à l’attaque de leurs tours du World Trade Center, éradiquer de la face du monde le terrorisme. En fait, les Etats Unis ne supportaient pas d’autre terrorisme que le leur sur notre planète. Comment ! Ils ne seraient plus les seuls, une fois le pouvoir soviétique mis enfin en déconfiture, à se servir des autres peuples, à les asservir à l’aide de tyrans savamment mis en place par la CIA, à coups de meurtres, aides financières ciblées ; mais aussi par leur pouvoir économique, eux les champions de la liberté commerciale, tant qu’elle serait à leur solde, s’empressant de voter toutes sortes de lois et de taxes à l’importation dès que leurs intérêts seraient en jeu, arguant du fait que les charges sociales des pays pauvres n’étaient pas les mêmes que les leurs, donc injustes sous le regard de la moralité. Et puis ces enfants qui travaillaient dans les usines, n’était-ce pas l’horreur pure et simple ? Bien sûr, si c’était pour produire à bas prix leurs produits pour en inonder le monde, pas de problème, mais si c’était pour retourner ce bon plan et envahir économiquement leur belle contrée, point de cela.

Tout avait bien commencé pourtant. Pour reconstruire le pays dévasté, deux milliards de dollars de contrats furent obtenus par Halliburton, société d'ingénierie dirigée pendant cinq ans par le vice-président américain M. Cheney, qui a déclaré qu'il n'y était pour rien et n'a plus aucun intérêt dans cette entreprise depuis qu'il a accepté d'être le coéquipier de M. Bush pour la présidentielle de 2000. Le plan était magnifique : l’Irak était détruite par l’armée US, fournissant ainsi un emploi à des centaines de milliers de personnes, fort bienvenu en ce temps de pénible reprise économique, relançant les commandes de matériel de guerre et logistique, des usines entières pouvant tourner à plein régime. De plus, tous les nouveaux matériels de guerre purent être essayés en grandeur nature sur le terrain : quoi de plus merveilleux pour les militaires et tous ceux les fournissant !

Le plan était aussi de permettre au marché pétrolier de regorger de ressources mises en vente, afin d’en diminuer le prix, les irakiens exsangues par deux guerres et dix années de boycott international subis ne risqueraient pas de rationner leur production, permettant à ceux ayant refusé de signer le protocole de Kyoto sur la diminution des gaz à effet de serre de continuer à polluer la planète et surtout gâcher les ressources pétrolières non renouvelables, qui peuvent servir à des productions infiniment plus intéressantes qu’à de l’énergie pure : médicaments, plastiques entre autres. La main mise sur cette partie du monde, les régimes arabes ébranlés, face à une opinion publique profondément anti américaine, ne pouvaient paradoxalement que recourir à cette même puissance afin de continuer à asseoir leur dictature, les américains étant eux mêmes très intéressés à les soutenir afin de contrer le péril dit islamiste et profiter de leurs réserves pétrolières immenses, et du bas prix qui en est obtenu. Et toujours avec la menace réelle guerrière, ou de fomenter un coup d’état si facile dans les pays dictatoriaux (sauf étonnamment l’Irak).

STOOPPP !!!!! Arrêtons tout cela. Comment ! Le premier pays de la planète, simplement remisé à toute l’horreur et à la duplicité pouvant exister sur terre ? Non ! Ce n’est pas possible ! Et que faire de tous ces citoyens si profondément convaincus de leur puissance, mais aussi de leur bon droit, la main sur le cœur et les yeux sur la bible ? Ils ne peuvent être tous mauvais.
C’est vrai. Profondément vrai. Vous connaissez la phrase : le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Tous ces américains, toutes ces américaines, sont la plupart du temps parfaitement convaincus, en toute bonne foi bien sûr, d’œuvrer pour le bien humain. Eux contre tous, ou presque, et qu’importe.

Les Etats-Unis sont en guerre, l'Irak en est le front central, et George Bush a besoin de 87 milliards de dollars pour couvrir les frais d'occupation et de reconstruction du pays. Le moment n'est-il pas venu de reconsidérer les baisses d'impôts en faveur des contribuables les plus riches ? En supprimant ces baisses pour un an, sur 1 % des ménages situés en haut de l'échelle des revenus, le gouvernement fédéral aurait de quoi financer les crédits supplémentaires qu'il demande, sans aggraver un déficit évalué, pour l'année fiscale 2003, qui se termine le 30 septembre, à 455 milliards de dollars.

"On ne peut pas envisager une telle mesure sans tenir compte de l'effet qu'elle aurait sur l'économie", a répondu Richard Cheney, le vice-président.
Sornettes !", a répliqué, sur CNN, le sénateur démocrate Joseph Biden. Avec son collègue, John Kerry, candidat à l'élection présidentielle de 2004, M. Biden devait présenter au Sénat, une proposition de réduction des baisses d'impôts votées par le Congrès, en 2001, 2002 et 2003, à la demande de M. Bush.
Pour le moment, ceux qui supportent le poids de la guerre, ce sont les hommes et les femmes des forces armées, qui sont sur le terrain. Les Américains sont très majoritairement hostiles au niveau des nouvelles dépenses demandées par l'exécutif pour l'Irak. Soixante et un pour cent y sont opposés, 38 % favorables. M. Bush, dans cette affaire, n'a le soutien que de 57 % des électeurs républicains ; il est contesté par 81 % des électeurs démocrates et par 64 % des électeurs indépendants.
Les 87 milliards seront-ils pour solde de tout compte ? Lawrence Lindsey, alors chef des conseillers économiques de la Maison Blanche, avait évalué le coût d'une guerre en Irak, à la fin de 2002, entre 100 et 200 milliards de dollars, ce qui avait contribué à lui faire perdre son poste. Avec les 87 milliards demandés par M. Bush, la dépense dépassera 150 milliards.

Les américains ne demandent qu’à être convaincus de la justesse de leur cause. Quelques dizaines de morts américains, ou même quelques uns seulement, sont suffisants pourtant pour retourner totalement leur opinion, pour peu que ces décès les touchent directement. Par contre, les centaines de milliers de morts induits par la première guerre irakienne ne les touchaient nullement. Au contraire, c’était très beau ce jeu vidéo en grandeur nature, où l’on voyait sur un écran radar un missile lancé depuis un avion de chasse, avec une croix mise sur l’objectif visé, et voir celui-ci exploser. Magnifique ! Vraiment ! Vous ne trouvez pas ? Oh ! L’administration américaine n’était pas méchante : pas de sang, pas de personne tuée. Non. C’était la guerre propre. Et l’on montrait à longueur de télévision (on sait que les américains en font une consommation sans borne) tous ces prisonniers irakiens, talibans, bosniaques… en rang ou assis, attendant sagement les ordres américains.

Par contre, lorsque cinq prisonniers américains furent exposés à la télévision du Qatar, Al Jazirah, ce fut la consternation générale. Comment ! Ils se permettent de violer les conventions internationales, de montrer des visages ! L’horreur. Pure et simple. Le Qatar fut sommé de cesser ces diffusions, ainsi que toutes les télévisions du monde. Les médias étrangers furent bien sages, obéirent, et dirent à peine leur ressentiment devant ces différences de traitement selon la provenance des prisonniers : on ne défit pas impunément la première nation du monde. Quant au peuple américain, ils fut profondément dégoûté par cette infamie, y voyant une raison supplémentaire d’être partis en guerre devant tant d’ignominie. Un pays si peu capable de respecter les conventions internationales ne méritait tout simplement pas d’exister.

Ainsi va la vie, ainsi vont les gens, notamment les américains, prompts à s’enflammer en ce qui concerne leurs intérêts, mais si coulants pour tout le reste. Jean de La Fontaine ne disait pas autre chose. Sont-ce des crétins finis d’être ainsi manipulés par leurs médias ? Ne soyez pas méchants de penser ainsi, et témoignez d’un peu plus d’humilité. Regardez-vous en face. Etes-vous donc fait d’un autre bois ? Pas l’auteur de ces lignes en tout cas, et tant mieux si vous êtes si beau intérieurement. Moi, je reconnais tout à fait que je n’ai pas du tout les mêmes critères de raisonnement en ce qui concerne les autres et moi ou mes proches. Le tout est d’avoir suffisamment de recul pour le voir, et en tirer les conséquences. Si aucun contre pouvoir n’est mis en face du votre, rien de bon n’en sera retiré, comme le montrent tous les événements du monde, et depuis toujours. Les bonnes gens d’aujourd’hui seront les assassins de demain, et parfois la réciproque.
Un mort proche, la main qui doit être mise au portefeuille, ces faits provoqueront à coup sûr plus vite la fin de la guerre que tous les morts non américains de par le monde.

Les besoins de l'Irak pour la période 2004-2007 s'élèveraient à quelque 55 milliards de dollars. Il faut y ajouter les dizaines de milliards de dollars annuels que représenterait le maintien par les Etats-Unis d'une force de 140 000 hommes en Irak.
Voilà un pays qui va bénéficier d'une aide équivalant au tiers de l'ensemble de l'assistance publique mondiale affectée au développement, alors qu'il dispose des deuxièmes réserves de pétrole du monde... En 2004, Washington dépensera 71 milliards de dollars en Irak, et seulement 200 millions pour le fonds mondial contre le sida, la tuberculose et la malaria, maladies qui feront 8 millions de morts la même année.

Entre 2003 et 2006, la guerre contre l’Irak à coûté 350 milliards de dollars aux américains. Si les USA s’étaient contentés de sortit Saddam Hussein de son pays, et avaient consacré le dixième de cette somme seulement à sa reconstruction, il est fort possible que la suite se fut mieux déroulée ; encore aurait-il fallu une politique d’aménagement du territoire, de protection des subtilités que l’arrogance américaine ne semble guère savoir ni pouvoir opérer.

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