20/11/2006

L’homme oublie l’homme, pour privilégier le fric

Pour les salariés, il existe un phénomène d'intensification du travail : les vagues de licenciements obligent ceux qui restent à faire le travail de ceux qui sont partis. De plus, la flexibilité a provoqué une insécurité croissante. Nous avons un ministre de l'intérieur qui insiste tant et plus sur la sécurité. Mais, s'il est un domaine où celle-ci devrait être restaurée, n'est-ce pas celui du travail et de l'emploi, afin que l'individu retrouve la capacité de faire des projets ?

Là comme ailleurs, le fric pour le fric semble le dénominateur commun de tout fonctionnement de la société. Mais à quoi sert donc du fric pour ne le consommer qu’en pure perte dans des produits toujours à renouveler sous l’empire du changement de mode ou technique, à grossir les dépenses de santé de gens toujours plus stressés, à se protéger des agressions des petites frappes par plus de police, de portes blindées ? Tout cela pourrait tellement s’amoindrir si on donnait un sens réel à la société, plutôt que cet éternel jeu du qui bouffe qui, ou du qui bouffe quoi.

Même le temps partiel qui devait accentuer la qualité de vie de ceux le désirant a totalement été détourné de son objectif initial, en faveur quasiment exclusive des entreprises qui s’en servent contre leurs salariés. Parfois, la personne vient le matin dans son entreprise participer au coup de collier durant trois heures, puis revient le soir tard faire la même chose. Pour l’entreprise, le profit sera multiple : cette main d’oeuvre corvéable à merci ne disposera d’aucun des avantages réservés à ses salariés à plein temps. Elle fera l’essentiel du travail en ayant à coeur de le faire bien pour ne pas se faire virer, étant la plupart du temps en situation de précarité pour accepter de telles conditions de travail, sera moins payée puisqu’effectuant moins d’heures. Qu’importe qu’il lui faille une ou deux heures pour venir au travail, quatre fois par jour. La société a ses nantis, et tous les autres.

La plupart des gens à temps partiel ne sont nullement remplacés, et effectuent la même quantité de travail qu’en temps plein. Simplement, ils peuvent s’absenter tant d’heures par rapport aux autres, mais devront travailler davantage une fois présents. L’entreprise s’en met pleins les poches, bénéficiant en outre d’une bonne image sociale usurpée. Le salarié est tondu comme un mouton, et sa qualité de vie est médiocre par rapport à ce qu’elle devrait être, mais ainsi marche la société aberrante, préférant le fric à l’humain.

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