17/11/2006

La France phagocytée par ses grands corps

Le grand public ne se rend probablement pas compte combien tous ces corps mènent la France, constituant de fait une cour royale, élisant, élection après élection, un de leurs représentants. Parfois, l’étiquette politique change mais cela n’importe pas, car l’élite sera toujours assurée d’être protégée. Simplement, ses membres auront plus ou moins d’avantages, mais ils en jouissent déjà tellement, qu’ils peuvent se permettre d’en laisser de coté de temps en temps, quitte à s’en goinfrer à l’alternance suivante.

Ils savent jouer de toutes les cordes qu’ils ont bien tissé dans la société à tous les niveaux, mais surtout aux plus hauts. Ils ont investi la sphère politique, aussi bien par goût du pouvoir, prestige, gloire, satisfaisant leur ego, mais plus encore leur porte monnaie, puisque c’est eux en grande partie qui votent les lois à l’assemblée nationale et au sénat, les deux seules chambres politiques pouvant le faire en France. Comme en plus ils font le plus souvent partie du gouvernement, la boucle est close : tout est fait en bonne partie en leur faveur. La justice ne frappe pas pareillement les petits et les grands, ne serait-ce que parce que fort peu de magistrats sont employés contre la criminalité dite en col blanc, que la délinquance financière est très faiblement punie, même et surtout si elle est démasquée.

Les grandes écoles comme polytechnique, l’ENA, HEC… produisent les grands patrons de très grandes entreprises privées ou publiques, et de toutes les administrations. Ce sont de fait des nobles privilégiés, dont les rémunérations relèvent d’une aberration totale, pouvant atteindre plusieurs centaines ou milliers de fois celle de l’ouvrier ou employé de base. Ils se connaissent tous entre eux, venant des mêmes grandes familles de la haute bourgeoisie, ayant tissé des liens parfois centenaires. Bien sûr, ils peuvent venir de familles pauvres, mais combien ? 1 sur 1000 ? Et celui-là, quelle chance a t-il véritablement d’émerger, de se voir proposer un poste à la mesure de ses compétences ? Il vaut bien mieux rester entre initiés, protégeant toute une classe sociale ayant déjà une très longue histoire commune. Cela n’empêche pas les rivalités, voire des haines solides, mais on reste entre soi, c’est l’essentiel.

Des hommes s’étant tirés seuls de la populace comme Bernard Tapie l’ont constaté : on ne leur pardonne jamais de venir troubler l’orgie des privilégiés. Ce n’est pas que M Tapie soit très propre, mais combien d’autres n’ont jamais été poursuivis ou condamnés, ou si médiocrement, lorsque lui eut huissiers, peines de prison, inéligibilité. M Chirac, qui en fit autant ou davantage, ronronne tranquillement à la tête de l’Elysée. Deux poids, deux traitements.

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