20/11/2006

Duperie de la bourse, malversation et nullité des conseils financiers

Ils ont une bonne partie de l’économie mondiale entre leurs mains ; ce sont en général de grosses entreprises, institutions, sociétés d’assurances, banques, fonds de retraites… faisant la pluie et le beau temps sur la plupart des entreprises cotées sur les places boursières mondiales. Toutes ces sociétés cherchent à faire le plus de bénéfice possible, allant rapidement d’une société cotée à l’autre, en fonction des chiffres publiés. Quoi de plus naturel : tous et toutes nous désirons protéger nos biens, et les mettre dans les mains les plus sûres, avec le meilleur rapport possible. La bourse a été faite pour cela : les petites gens et autres placent leurs économies dans la bourse, participant ainsi à l’avancée des entreprises en leur amenant leur financement nécessaire, et celles-ci en contrepartie leur amènent un dividende, et si tout se passe bien, une augmentation des cours, permis par les bons résultats de l’entreprise, amenant davantage de gens achetant les actions, ce qui fait monter les cours.
Tout cela, c’est la théorie. En fait, la bourse pourrait fort bien passer pour un gigantesque marché de dupes. En effet, ce beau mécanisme pouvait paraître vrai dans le passé. Encore, que l’évolution du CAC40 (somme des plus grosses cotations boursières) n’a guère fait mieux que l’évolution du cours de la vie, c’est à dire que l’inflation depuis plusieurs dizaines d’années. Mais cela, personne ne vous le dira.
Depuis l’avènement de ce qu’on a appelé la bulle spéculative, ce n’est plus le cas. Les mini ou maxi crises boursières se sont succédé d’autant plus vite que le monde économique changeait plus rapidement.
Tout le monde ment :
* les responsables de la bourse bien sûr, puisqu’il y va de leur intérêt direct,
* les banques qui se financent ainsi directement par levées monétaires auprès du public,
... mais aussi indirectement en prélevant leur forte dîme à chaque transaction des particuliers
* les divers journaux financiers qui tiennent à préserver leur fond de commerce en donnant leurs conseils qui valent pas bien cher en fait ; n’oubliez pas non plus qu’ils vivent en grande partie des annonces publicitaires des entreprises. Il serait donc fort malvenu pour leur chiffre d’affaire qu’ils en donnent de funestes présages, sauf à suivre le comportement moutonnier de tous les autres acteurs du marché boursier, sans risque donc. Il est préférable de se tromper avec tout le monde, qu’avoir raison tout seul. Dans le premier cas, personne ne vous en tiendra rigueur, dans le second, ce sera la catastrophe pour vous. Evidemment, vous pouvez avoir raison tout seul, mais outre que personne n’aime les déviants, voire les brebis galeuses, il est plus facile d’avoir tort dans la vie que l’inverse.
* le gouvernement qui aide ainsi à la création et au maintien d’entreprises sans bourse délier. Il en provoque le financement par les fonds privés des particuliers, qui continuent à croire à l’eldorado malgré les multiples déconvenues en ayant ruiné plus d’un. Par exemple les mirobolants emprunts russes ou le scandale Vivendi Universal, en passant, par les multiples malversations d’entreprises, comme celle d’Andersen par exemple, ayant cautionné les faux comptes de la société d’Enron, conseillant jusqu’au bout l’achat des actions de l’entreprise allant à une faillite pourtant certaine. Rappelez-vous aussi le gouvernement de gauche qui présentait les privatisations des années 80 comme une sorte de jeu où l’on gagnait à tous les coups. Au début, ce fut vrai, mais ensuite, bien des épargnants n’eurent que leurs yeux pour pleurer leurs pertes. Alors nos doctes politiciens censés nous représenter nous rappelèrent, mais bien tard, que la bourse était quelque chose de risqué.
Impôt volontaire de tous les gogos y ayant cru, on peut alors se demander où tous ces fonds arrivent. Eh bien, en dehors des quelques destinations vues ci-dessus, cela va dans les poches déjà en général bien garnies de quelques personnes, mais pas n’importe lesquels. Quelques chanceux auront gagné au passage, simples particuliers au savoir faible, mais pour l’essentiel les gagnants sont les courtiers, les riches ayant accès directement à leurs conseils avisés. Car l’époque où le cours boursier d’une entreprise se décidait à sa valeur économique est bien révolue, surtout depuis la bulle internet, qui voyait valoriser extraordinairement des sociétés qui ne valaient… rien, à part leur déficit abyssal, riches uniquement de leur bénéfice énorme mais… hypothétique. On a ainsi vu des sociétés comme libertysurf valoir autant que Boeing ; l’une n’avait aucun bien matériel, autre que quelques micros, l’autre avait des milliers d’avions et tout ce qu’il fallait pour les construire. Quelques années ont passé, Boeing est une entreprise toujours aussi puissante, libertysurf ne vaut plus grand chose à la bourse, encore moins à l’aune purement économique.

Les gros actionnaires sont en bonne partie responsable de cette gabegie, voulant, plus qu’il n’est raisonnable, un fort retour sur leur investissement, souvent de l’ordre de 15 %, d’où les licenciements massifs en dépit de bénéfices colossaux, la délocalisation de tout ou partie des activités, et en dernière limite les fausses déclarations comptables des dirigeants, stratégie hallucinante du niveau d’un enfant cachant ses mauvaises notes, ou mettant un 1 devant un 0 !
Un petit porteur est incapable de prévoir l’évolution des cours de bourse qui relèvent de la plus complète absurdité. Dans une même journée, une même valeur peut augmenter de 10, 15 %, puis reculer d’autant, et finir à la même valeur qu’au début de journée, ou 10 % en moins ou en plus. Ceci n’est absolument pas rare, mais plutôt l’habitude, portant sur des dizaines de sociétés différentes cotées. Les professionnels sont obligés de constater les dégâts, sans trop souvent rien y comprendre non plus. Les fameux organismes de notation, censés définir la fourchette de cours normaux d’une valeur cotée ne font en fait que suivre la réalité des cours. Ils recommandent d’acheter ou de vendre dans telle fourchette de cours, selon la réalité notée sur le terrain, mais nullement en fonction de critères réels d’étude. Personne n’y comprend rien, hors que l’appât du gain rend plus fou que jamais. Jugez en : une entreprise fortement bénéficiaire, ayant le monopole sur son marché et qui a fortement modernisé son outil de production a vu son cours baisser de 30 % en une journée parce que, ayant publié ses résultats. Elle n’avait pas fait aussi bien que prévu ! Folie quand tu nous tiens… Ce genre d’exemple, ou plus aberrant encore, est en fait extrêmement fréquent.

Exemple de pluri malversations : Vivendi.
En moins d'un an la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse de New York, a rédigé plusieurs rapports sur le scandale Enron, les dysfonctionnements chez Andersen, WorldCom ou Tyco. Elle a condamné des banques et des analystes à verser des centaines de millions de dollars pour informations trompeuses, bilans truqués, pertes abyssales cachées, preuves détruites.
Aucune autorité publique en France n'a prononcé un mot sur le dossier Vivendi, même s'il n'est pas de même nature. En juillet 2003, un an après la débâcle de Vivendi Universal, qui a précipité la chute de Jean-Marie Messier, les actionnaires, salariés, ou le grand public ne savent toujours pas tout ce qui s'est passé dans le deuxième groupe mondial de médias et de communication. La Commission des opérations de Bourse, qui avait lancé une enquête quinze jours après la chute de M. Messier, et devait rendre un rapport rapidement, n'a toujours rien rendu public. Deux rapporteurs seulement sont détachés à plein temps sur ce dossier pour dépouiller les documents saisis, dont les 80 tonnes ( !) envoyées par la SEC en février. Même discrétion du côté de la brigade financière. Après des perquisitions spectaculaires en décembre 2002 au siège de Vivendi et chez les principaux protagonistes, puis des enquêtes discrètes, chez Goldman Sachs notamment, en avril 2003, tout est redevenu silencieux. Même le monde politique et les milieux d'affaires se sont montrés indifférents.
Les thèmes qui auraient pu être abordés ne semblent pourtant pas manquer. Cela aurait pu aller du rôle des banques-conseils et des analystes jusqu'à l'interrogation sur la nécessité de maintenir ou non les commissaires aux comptes, qui avaient certifié les résultats 2001 pour valider ensuite ceux de 2002.
Une fois que Vivendi aura été démantelé, que tout aura été dispersé, les enquêtes diront ce qu'il est advenu. Les actionnaires connaîtront alors peut-être les causes réelles de leur ruine. Dans une bonne dizaine d'années...

Le mythe de l’efficience des marchés
Deux concurrents sur le marché du jouet qui ont la même valeur boursière en 1998 :
1/ un poids lourd : Toys “R” Us, fort d’un savoir-faire et d’une expérience indéniables, réalisant en 1998 un chiffre d’af­faires de plus de 11 milliards de dollars dans 1156 maga­sins pour un bénéfice de 376 millions de dollars.
2/ une start-up eToys sans expérience, dont le chiffre d’af­faires cette même année, s’élève à 30 millions de dollars (équivalent à celui de trois magasins de Toys “R” Us) pour une perte de… 28 millions de dollars.
En mars 2001, eToys se déclare en faillite, la valeur de son action ne valant plus que quelques cents, alors que Toys “R” Us s’allie au libraire en ligne Amazon pour développer avec succès son commerce électronique. Cette histoire n’est en rien isolée.

Les marchés financiers n’ont donc pas su estimer correcte­ment les rentabilités à venir des diffé­rents secteurs économiques. On désigne par le terme de bulles spécula­tives de telles situations où le cours observé s’écarte dura­blement de la valeur réelle des entreprises. Cette bulle a eu des conséquences néfastes : un surinvestissement important dans les secteurs de la Nouvelle Économie, accompagné le plus souvent d’un surendettement pour le financer. Un constat empirique qui met à mal la théorie financière orthodoxe qui défend l’idée qu’à tout instant les marchés bour­siers donnent la meilleure estimation possible de la valeur des firmes, ce qu’on appelle l’hypothèse d’efficience informationnelle des mar­chés.
En fait, les acteurs ne se déterminent pas en fonction de leur estimation de la valeur fondamentale des actions mais selon l’évolution attendue des cours. Le mimétisme est essentiel. Il se crée des bulles résultant d’une croyance généralisée dans la hausse future des cours.

Pour les dirigeants des grandes entreprises le prix du marché apparaît comme une information absolue sur ce qui est a priori impalpable : la valeur d’un avenir incertain. Il est l’argument déterminant lors de négociations de rachat ou de fusion, de la réflexion sur le montant des licences UMTS, de l’élaboration de stratégies industrielles.
Cette rationalité conduit aux bulles spéculatives et aux krachs. Pour de nombreux analystes, le krach boursier d’octobre 1987, puis la bulle Internet et son explosion en l’an 2000 ont été provoqués par l’irrationalité des acteurs. C’est en fait la nature même du jeu financier qui conduit les inves­tisseurs à spéculer en se préoccupant plus de l’opinion majoritaire que des valeurs objectives.

La théorie des marchés efficients est l’une des pierres angulaires de la science économique telle quelle est enseignée à ceux qui ont et auront la charge de gérer, à des degrés divers, l’économie mondiale. Or les idées reçues laissent toujours des traces, conduisant par exemple au rachat d’Orange ou d’autres sociétés technologiques à des prix faramineux qui maintenant grèvent de manière inquiétante les comptes de France Télécom ou de Vivendi. Ces deux sociétés notamment, n’ont que les yeux de leurs salariés actuels ou licenciés pour pleurer les glorieuses théories économiques, et l’application qui en fut faite par leurs dirigeants grassement payés, y compris lorsqu’ils sont chassés. Tous les jours actuellement, ces salariés sont soumis aux plans d’austérité pour regagner centime après centime l’argent gaspillé par milliards d’euros. Ils doivent sans cesse améliorer leur compétitivité individuelle, travailler dans un climat toujours dégradé, poussés vers la porte si possible. Ce sont des dizaines de milliers de familles entières qui, par leur souffrance quotidienne du stress au travail, le risque du chômage, portent les conséquences des actions de quelques malhonnêtes.

Vous pouvez être choqué que je traite ici de malhonnêtes les des gens qui n’ont fait qu’appliquer des modes de pensée auxquels ils croyaient. Pour moi, ce sont des malhonnêtes car s’étant trompés, ils partent néanmoins avec de confortables indemnités, là où leurs salariés sont poussés vers la porte. De plus les responsables restants, si ce ne sont pas les mêmes, sont chargés de diminuer le personnel pour réparer le désastre laissé par les autres, dans le délabrement des conditions de travail détruisant, comme dit plus haut, le quotidien de ces travailleurs de plus en plus esclaves pour gagner souvent si peu.

Un crack parmi d’autres
Le 14/4/2000 le nasdak (valeur de la bourse américaine, équivalent du CAC40 français) chute de 9 %, annoncent de l’explosion de la bulle internet. Yahoo, Amazon perdent 80 % de leur valeur boursière en une année, Alcatel 97 % ( !) , France Télécom voit sa valeur d’action passer de 219 € à 7 € en deux ans. Son PDG Michel Bon, à force d’achats à tout a réussit la performance d’en faire l’entreprise la plus endettée du monde.
En trois ans, 8.000 milliards de dollars partent en fumée (5 fois le budget de la France), des dizaines de millions de personnes de par le monde sont ruinées, annonçant le début de la quasi récession européenne. Enfin, en fumée, pas vraiment. L’argent de la bourse, vaste bouffonnerie économique, jeu du loto sans le dire, n’est jamais perdu pour tout le monde. En effet, elle ne produit jamais d’argent, à part les dividendes, la plupart du temps fort légers, versés par les entreprises. L’argent vient de la poche des uns, pour aller dans d’autres portefeuilles. En général, il est perdu par les petites gens, et gagné par ceux disposant des informations, proches du pouvoir économique et politique.

Les institutionnels, tous ceux ayant accès aux bonnes informations, font de l’argent sur la bête. Tout d’abord, renseignés à l’avance, ils peuvent réagir immédiatement. C’est pourquoi on voit des cours boursiers dévier fortement, sans n’y rien comprendre, n’étant pas averti du comment ni du pourquoi. Mais surtout, lorsqu’une chute des cours est certaine, que la bulle financière éclate, le public met bien du temps à se rendre compte de la catastrophe, d’ailleurs on le lui dit avec le plus de retard possible. Ainsi, une action perdant 80 % de sa valeur en une année, est une véritable manne pour les connaisseurs du marché. Il leur suffit en effet de vendre cette action tandis qu’elle descend, sans l’avoir acquise encore (eh oui, c’est possible), et de l’acheter lorsqu’elle a bien baissé. Ainsi une action allant de 100 € à 80 € en un mois, est vendue à 100, puis achetée plus tard à 80. Bénéfice : 20 €. Et comme cela se fait sur des milliers voire millions d’actions, et à répétition, vous voyez le profit effectué. D’ailleurs, d’autres mécanismes sont possible qui, quoique plus dangereux, permettent de tirer des bénéfices (ou pertes) faramineux par rapport à l’argent engagé.

Ainsi Georges Sorros fut poursuivi pour un délit d’initié sur la cotation de la Société Générale ; le procureur demanda une amende de 2,2 millions d’euros. Que représente cette somme pour ce financier aguerri aux conseils fort écoutés, qui gagna 1 milliard d’euros en jouant contre la livre britannique ? Seulement ce qu’il avait gagné dans l’affaire poursuivie, c’est à dire qu’au pire, il ne risquait que de perdre ce qu’il avait gagné, sans tenir compte de tous les prêtes noms qu’il avait pu utiliser. Comprenez bien qu’il aurait tort de se gêner. Le pouvoir de François Mitterrrant fut éclaboussé dans l’affaire, bien à tort, vous pensez bien, vous qui savez que nos hommes politiques sont tous des êtres profondément intègres !

L’affaire d’Eurotunnel illustre bien cette corruption au moins d’esprit des dirigeants. L’état français présenta l’opération comme parfaitement sûre. Des documents promettaient même un rendement de 18 % ; les services des impôts furent chargés de vendre les actions, tout comme les banques. Les promesses annonçaient un chantier rondement mené, des taux de remplissage très très optimistes, trop par rapport à une prévision honnête. 100.000 € placés à l’époque sont devenus ce jour 4.300 €. Le chantier fut ralenti plusieurs fois ; les banques réclamèrent une augmentation du capital, donc des appels au financement des petits porteurs entre autres, tout en augmentant les taux d’intérêts qui leur seraient versés jusqu’en… 2040. Véritable vache à lait pour les banques, Eurotunnel est une catastrophe pour les petits épargnants à cœur tout à la fois de participer au dit chantier du siècle, et faire un bon placement de père de famille.
Comme d’habitude les banques sachant les nouvelles à l’avance, comme le ralentissement du chantier, vendirent une partie de leurs actions, avant que le grand public ne fasse de même, profitant de leur mainmise sur le projet. Mais ne soyez pas grossiers s’il vous plait, ne parlez pas de délit d’initié, cela les chagrinerait vraiment. Cela ne se dit pas : cela se fait.
Ne soyez pas triste : ce que vous avez perdu, quelques uns l’ont gagné, et les états français et britannique ont pu construire sans bourse déliée un projet d’intérêt général, tout en diffusant de fausses informations pour que les gogos payent. Si vous avez encore l’esprit civique après cela : bravo.

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