20/11/2006

L’égalité des chances grâce à Dieu

Chacun en a au moins la prescience, s’il est éduqué par un papou chez les papous en tribu dans la jungle ou un richissime américain, sa vie ne sera pas la même. S’il s’agit de deux jumeaux séparés à la naissance, on pourra sans doute trouver certaines ressemblances dans la forme d’intelligence, l’envie d’exercer un art… mais les différences seront bien vite plus fortes.

L’un verra probablement sa vie se terminer très tôt, vers quarante ans, cinquante au plus tard, édenté, peau tannée par le soleil, l’organisme usé par les maladies contractées ; l’autre finira tranquillement sa vie vers cent années d’âge, avec tous les biens physiques raisonnablement souhaitables, sans doute quelque peu en surcharge pondérale.

Sur le plan psychique, imaginons maintenant l’évolution comparée d’un enfant d’une famille aimante, attentionnée, à l’éducation intelligente, et un autre enfant d’un père alcoolique, incestueux, violent physiquement et psychiquement, mère prostituée, absente, droguée à l’héroïne, frères et sœurs de plusieurs pères et mères, pas d’argent à la maison (hé oui, en plus, la mère est moche, et ramène peu d’argent de son activité), enfants livrés à l’éducation de la rue… croyez-vous vraiment que ces enfants, supposés de capacités génétiques équivalentes à la naissance, auront la même vie ?

J’en entends certains clamer que dans la vie, si on veut, on peut réussir, sortir de sa gangue, être résilient malgré tous ses malheurs. Oui, c’est vrai, on en rencontre, rendus très forts par toutes les avanies subies, parfois bien plus forts que ceux ayant toujours vécu dans un cocon à qui rien de bien méchant en apparence n’est arrivé dans leur vie.

Oui, c’est vrai. Pour certains. Mais sur 100 enfants ayant vécu dans des conditions atroces, combien croyez-vous qui aient pu s’en sortir dans leur vie, par rapport à 100 enfants ayant eu une très belle vie ? Si vous doutez encore de la réponse, allez dans les prisons par exemple constater combien d’adultes viennent de chacune des deux catégories.

J’en entends d’autres, adeptes de telle religion ou mouvement de pensée, dire leur foi en l’être humain, en sa nature divine ou profonde lui permettant toujours de trouver l’étincelle indiquant le bon chemin dans sa vie. C’est bien d’y croire, car cela permet d’avancer dans sa vie, ou de s’y essayer, malgré tous les malheurs traversés. Mais je ne peux répondre par des arguments à ce genre de réflexion. Elle ne dépend nullement de faits scientifiques, expérience personnelle, mais uniquement de croyance, de foi, de désir de croire à quelque chose.

Quoiqu’on dise à ces personnes, tant qu’elles ne voudront pas se réveiller de leur rêve joli, elles resteront dans leur sectarisme aberrant et stérile. Je ne peux que leur demander instamment d’utiliser toute leur énergie perdue actuellement à prier tel Dieu ou égoïsme personnel à rejoindre la cohorte des simples êtres humains, à partager leur désir d’amour dans le concret et au quotidien.

Bien sûr, parfois elles donnent de l’amour, de leur temps et énergie à des mouvements caritatifs, ou simplement à leurs voisins ou autres. Tant mieux. Elles feraient sans doute plus et mieux en quittant leurs pensées délirantes, mais ceci est un autre sujet.

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