20/11/2006

L’inégalité d’échanges entre pays riches et pays pauvres

Les termes de l’échange, cela veut dire par exemple qu’un malien pourra échanger une tonne de mil contre un ordinateur acheté en France, ou autre pays bien sûr. Depuis quarante années, les termes de l’échange se dégradent sans arrêt, c’est à dire que là où il suffisait d’une tonne voici quarante ans, il faut maintenant une tonne et demie pour acheter l’équivalent du même micro. Autrement dit, les africains s’appauvrissent toujours davantage face aux pays riches.

Le monde est un immense terrain d’échanges commerciaux, avec souvent une valeur non fiduciaire, faite de services, trocs, coutumes, cadeaux à l’intérieur d’un village africain, ou plus communément à travers l’argent.

Notre opulence ressemble à celle que le riche a par rapport au pauvre. Si le pauvre gagne 100, et qu’il lui faut 150 pour vivre correctement selon les critères communément admis dans son pays, il lui faudra rogner sur tout : qualité des repas, aménagement de son logement, type et situation de celui-ci, vêtements, loisirs… le riche, lui, devra dépenser un peu plus de 150 pour satisfaire à la qualité de vie que nécessite sa classe sociale, disons 300. Mais évidemment, il ne mangera qu’une fois, ne dormira que dans un lit, et ainsi de suite. C’est à dire que la différence entre 300 et ses revenus -qui peuvent être considérables- lui assurera une énorme marge de manœuvre. Si le pauvre gagne 100, et le riche 10.300, on pourrait dire que la différence est de 1 à 103. En fait (on peut faire tout dire aux chiffres, comme cet exemple le montre), l’écart sera bien plus gigantesque. Si le pauvre doit dépenser que 100, c’est à dire la totalité de ses revenus, l’écart sera alors de zéro à 10.000, soit 10.000 en plus (on ne peut plus dire fois 10.000, car 10.000 fois zéro donne zéro, c’est à dire qu’on arrive à un non sens mathématique, montrant combien la comparaison entre ces deux revenus est impossible, qu’on est bien en présence de deux mondes ne pouvant pas se comprendre, se rencontrer). En fait, la véritable différence, dans notre exemple, n’est pas de zéro à dix mille, puisque le pauvre, pour le minimum de qualité de vie requise dans son pays pour ne pas être considéré comme un paria, doit dépenser 150, mais ne dispose que de 100. A vous de calculer l’écart réel de revenu.

Cet exemple, c’est pour un pauvre d’un pays riche. Je vous épargnerai le calcul pour un pauvre d’un pays pauvre, face au riche du pays pauvre, ou du riche du pays riche. Etant donnée la folie humaine, le riche du pays pauvre peut souvent être plus riche que le riche du pays riche. Ce pauvre, du pays pauvre, non seulement a un écart de vie fantastique par rapport à tous les riches de la terre entière, résultant de la comparaison de revenus notamment. Mais, là encore, cette comparaison est entièrement factice. Car dans les pays dits nantis, riches et pauvres peuvent profiter en commun des bonnes routes où circuler en voiture, des trottoirs où se promener, parcs, jardins publics, forêts domaniales, musées souvent peu coûteux, bas prix des produits alimentaires entre autres. C’est à dire que toutes les infrastructures existantes dans les pays riches permettent aux pauvres d’en profiter. Les pays pauvres n’ont la plupart du temps rien de tout cela.

Mais plus terrible encore, que dire du pauvre mourant lentement de faim, guerre, torture, eau non potable, véhicule de tant de maladies, aisément guérissables avec un simple médicament disponible dans n’importe quelle pharmacie de notre pays, mais qui, là, l’emportera dans la mort, ou le laissera aveugle (virus de la bilharziose), ou autrement handicapé … Cet être qui meurt lentement plus qu’il ne vit, qui voit mourir de même ses enfants et autres proches, comment pouvoir faire une comparaison raisonnée entre son pouvoir d’achat, qualité de vie, entre lui et d’autres bien lotis. Là est toute l’horreur, tout l’indicible, l’insupportable humain.

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