16/11/2006

Le fantasme du sauveur unique politique ou économique

Les français, comme d’autre peuples, considèrent que le choix du responsable est fondamental, qu’il soit politique ou économique. Evidemment, ils ne sont pas naïfs –quoique… - au point de croire que Jacques Chirac préféré à François Mitterrand par exemple fasse une différence essentielle à elle seule, car ils savent que le parti politique qui est derrière dominera plus sûrement la vie française que l’homme seul, qui n’en est que le représentant.

Les responsables d’en haut dirigent de fait la France. Ou du moins c’est ce qu’elles veulent nous faire croire. Et de fait, les gens le croient, aussi bien au point de vue politique qu’économique, ou qu’en toute matière. Mais cela varie au gré des époques. Ou même à quelques années d’intervalle. Le public veut des héros, alors on lui sert Napoléon Bonaparte, certes grand homme, fin stratège, conquérant génial, mais ayant laissé derrière lui une France exsangue, et pendant des années pris le sang de la France, liguant contre elle l’Europe entière, ne survivant que par la guerre permanente.

On lui sert aussi la maréchal Pétain, grand héros de la guerre de 14, encensé par toute une génération regroupée par cet éminent symbole. Las ! A la guerre suivante, guerres éternelles à laquelle la France était abonnée depuis des siècles, Pétain devint un infâme, un traître ignoble, celui à cause de qui la France avait perdu, s’était livrée jusqu’à la lie au boche, au vert de gris, haï depuis 1870. Difficile de faire croire à tout un peuple que le héros d’hier était devenu un moins que rien, quelqu’un que le déshonneur entachait pour l’éternité, devant finir sa vie en prison, peine dérisoire pour un crime inexpiable ? Non ! Pas du tout ! Bien sûr, une petite partie des français ont toujours voulu le protéger, lui le grand héros de la grande guerre, mais les autres voulaient un coupable, pourvu que ce ne soit pas eux !

Or, nous sommes tous responsables, un peuple entier n’a pas voulu se battre. Notre armée était démoralisée par toutes les grandes tueries de la première guerre mondiale, auxquelles aucun coupable ne fut jugé et encore moins condamné, alors que tous ces dits politiciens envoyaient par vagues des régiments entiers à une mort certaine, parfaitement inutile, qu’ils auraient dû au moins constater puis arrêter, mais qu’ils ont tranquillement continué, sous menace de tirer sur ceux reculant, pris alors entre le feu des ennemis allemands, et des patriotes français !
Et plus encore, nos policiers, responsables, voisins, tous bien français, pas juifs, ni gitans, ni homosexuels pour la plupart, ni communistes, tous ou une bonne partie ont par leur silence, ou même leur active participation, permis aux allemands nazis de procéder à leur solution finale, détruire des êtres humains à cause d’une religion, d’un mode de vie, d’une idée politique, ou d’une culture.

De même en matière économique, il est jugé essentiel qu’une entreprise soit menée par un chef très coté, en faveur duquel les actionnaires accordent une rémunération parfaitement scandaleuse, représentant fréquemment plusieurs centaines de fois celle reçue par un ouvrier ou employé moyen. En effet, ces actionnaires considèrent que l’entreprise peut être détruite ou portée aux nues selon les décisions prises, et que c’est le meneur qui en est le responsable. Pourtant un homme ne fait pas tout, et ne décide pas seul. Tel encensé une année peut se trouver placé dans la lie l’année suivante si les résultats ont chuté, et inversement. C’est le reflet de la folie économique. Il suffit de constater le triste résultat donné par Jean Marie Messier qui, dans un même élan de stupidité assourdissante, représenta le messie du groupe puis son chancre.

S’il est vrai qu’un climat différent peut s’instaurer selon la personnalité, voire l’humeur du patron, ce qui est d’ailleurs navrant, et montre l’ampleur des changements à opérer dans la société, un seul être n’y fait rien. Il doit convaincre, étudier, réunir toutes les compétences et bonnes volontés, faire des choix, et tout cela, il le fait en collaboration avec d’autres, ne prend aucune décision seul.

Pourtant, cette illusion est très partagée, notamment par les milieux économiques rémunérant de façon démentielle ces responsables. C’est également le cas des français notamment qui portent et reportent à la tête du pays, génération après génération, les mêmes responsables politiques, ayant tous pourtant fait largement preuve de leur gabegie, inefficacité, et le plus souvent malhonnêteté. Notre sénat ressemble presque à un mouroir, la moyenne d’âge étant de 75 ans, nos présidents sont largement tous grands pères. Le chômage augmente de puis 1975, nos prélèvements obligatoires idem, l’insécurité itou. Mais nos concitoyens ont toujours aussi peur de la vérité, de l’honnêteté, et se contentent de critiquer ceux et celles qu’ils continuent à élire ou à faire élire.

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