21/11/2006

Les paradis fiscaux, protecteurs des honnêtes gens, des criminels, des entreprises et des états

Vous connaissez les paradis fiscaux ? Il s’agit entre autres de la ville de Monaco, les îles Caïman, la Suisse aussi, notre jolie démocratie européenne, et la liste est longue. Le principe est très simple : si vous amenez de l’argent, personne ne vous demandera d’où il vient, et les banques tout comme l’état responsable vous assureront une totale discrétion sur tous vos mouvements de capitaux, et refuseront tout renseignement à votre égard à tout particulier, institution judiciaire ou policière entre autres, ou état.

Vous comprenez bien tout l’intérêt que tous les malfrats de la planète y trouvent. Ils font un gros coup, ils y mettent le montant volé. Mais c’est surtout l’argent produit par la drogue, le proxénétisme, le commerce illégal des armes, les gros pots de vin, enfin, toutes les malversations que vous pourrez imaginer, et dont parfois vous lisez une micro dose dans votre journal préféré. Bien sûr, votre cher politicien y cache également son argent frauduleusement encaissé. Par exemple, l’argent de l’affaire du carrefour du développement, ayant engraissé le parti socialiste notamment, y a atterri, via quantité de sociétés fictives. Notre joli gratin social y met aussi de l’argent de coté pour ses vieux jours, soustrait aux impôts que vous, pauvre imbécile, payez bêtement.

Ce n’est pas tout. Ces jolis centres d’intérêt hébergent également quantité de sociétés qui n’en ont que le nom, prête nom d’activités louches, destinées à brouiller les pistes lorsque la justice s’intéresse à leurs activités. Les protagonistes auront ainsi tout le temps de décamper, ou surtout de ne jamais même être inquiétées. Si vous avez opéré une commande quelconque par une entreprise de vente, ayant ou non pignon sur rue, et n’avez jamais reçu quoique ce soit, vous pouvez aller visiter ces quelques contrées : vous êtes sûr d’y trouver, sinon les responsables, du moins les adresses postales des sièges sociaux des sociétés que vous croyiez sottement situées près de chez vous. Par contre pour récupérer votre bien, je vous conseille plutôt d’acheter une caisse de mouchoirs.

Pourquoi ces paradis fiscaux existent ? C’est très simple. Les états les hébergeant en tirent une forte partie ou totalité de leurs revenus. Pourquoi les autres pays tolèrent l’existence de ces entités ? En général, à l’exception de la Suisse, et encore, ce sont de toutes petites nations, et les écraser militairement ou économiquement n’est pas bien difficile pour les puissants. Alors pourquoi donc la France ne le fait-elle pas avec son voisin même, alors que si souvent nos dirigeants vitupèrent contre elle ? Allons, allons, pas de naïveté je vous en prie. Vous le savez bien : il y a loin de la parole aux lèvres.

Car les particuliers ne sont pas les seuls à profiter de la discrétion fort utile de ces repaires financiers et parfois organisationnels du crime. Les entreprises, les grosses, celles honnêtes ou que tout le monde considère ainsi, se servent aussi de ces passations de forts flux d’argent. Elles effectuent leurs opérations en catimini de rachat d’entreprise, de prise de contrôle de leurs concurrentes, au grand dam des autorités régularisatrices des marchés et des lois contre les monopoles par exemple. Enfin, les états étrangers achètent des consciences, opèrent des transactions louches par l’intermédiaire de ces comptes cachés, telle que la vente de vedettes à Taïwan par exemple.

L’état français fut épinglé par sa propre justice pour cette malversation, mais fort injustement. Il n’est aucun marché d’envergure international qui ne soit remporté à l’aide de corruption ou d’une grosse pression politique. Pour cette dernière, les Etats Unis remportant haut la palme le concours du plus gros corrupteur. Par l’intermédiaire de la National Security Agency, service secret, ils écoutent les communications de la planète entière. L’objectif était tout d’abord militaire, surtout à l’époque de la guerre froide.

Le rideau de fer étant tombé, la suprématie totale militaire US fait que cette option, si elle n’est pas abandonnée, est bien moins utile qu’auparavant. Mais on ne casse pas une équipe qui gagne. On la recycle. Les entreprises utilisent très souvent un langage guerrier : abattre l’adversaire, aller au combat, terrasser, tuer le concurrent… elle en utilisent aussi certaines armes : ce réseau échelon de surveillance planétaire. Elles disposeront ainsi les premières des informations essentielles sur les marchés en cours, et le réseau politique pourra intervenir à temps pour faire pression, afin que les sociétés américaines l’emportent… loyalement bien sûr, n’en doutez-pas !

Enfin, et bien sûr, ces paradis fiscaux servent pour tous nos gentils riches qui peuvent planquer leur argent loin des impôts, sans avoir besoin de déclarer leurs revenus souvent illicites, faits de pots de vin, de malversations, ou même de produits financiers du crime.

Aucun commentaire: