21/11/2006

L’effort dérisoire des ONG dans les guerres et catastrophes humanitaires

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Quoi de plus admirable que les personnes se dévouant corps et âme, travaillant pour des salaires ne représentant qu’un argent de poche, donnant plusieurs années de leur vie, pour plus pauvres et plus malheureux qu’eux. Celles et ceux œuvrant pour les organisations non gouvernementales présentes dans les pays en guerre, ou subissant diverses oppressions, comme la famine, pandémie.

Dans la guerre et la misère, eux mêmes fortement susceptibles d’enlèvement contre rançon, ou pur et simple meurtre de la part de toutes les factions ou gouvernement en guerre qu’elles dérangent de par leur présence, témoins plus ou moins muets des exactions commises, quelles soient financières, physiques ou autres.

Ainsi, sur des dizaines ou centaines de milliers de morts et blessés, le personnel des ONG en sauve quelques uns, diminue la souffrance d’autres, met une gentille parole ou un sourire, tient la main aux agonisants, s’ils en ont le temps, débordés par l’afflux de blessés, impuissants face au manque de moyens.

D’ailleurs, c’est l’un des derniers axiomes courus pour faire la guerre. Avant, on tirait une balle, donnait un coup d’épée pour tuer. Puis sont venus les moyens médicaux efficaces pour sauver une vie, même si on obtenait un handicapé parfois. Alors on a inventé les balles de même densité que le corps humain, que les radiographies étaient impuissantes à démasquer, ce qui permettait plus sûrement de tuer, même avec un peu plus de temps.

Et ces gentils gouvernements, aidés par de braves gens soucieux de leurs proches, se sont dits que finalement, il était mieux d’occuper l’armée et tous les moyens logistiques et financiers ennemis avec leurs innombrables blessés, et donc d’en faire le plus possible. L’objectif n’était plus de tuer, mais de blesser, ce qui démoralisait l’adversaire plus sûrement, car un blessé se voit mieux par définition qu’un mort qu’on enterre et ne voit plus.

On inventa donc (entre autres) les mines antipersonnelles, tuant et surtout blessant aveuglement civils ou militaires, enfants, vieillards et autres, mines de la taille de quelques centimètres parfois, pouvant ressembler à des jouets que les enfants ramasseraient plus sûrement, et toujours là des dizaines d’années après la fin des conflits, bloquant tous les moyens financiers du pays concerné, des dizaines d’années après la fin des hostilités, comme en Tchétchénie, Vietnam, Cambodge entre autres.

Et pendant ce temps là les travailleurs quasi bénévoles des ONG soignent, pansent, consolent… les quelques personnes qu’ils peuvent aider.

Il se passe la même chose pour les pays en famine. A longueur d’information, lorsqu’on a plus rien à passer pour distraire le quidam, on lui fait vibrer la corde émotionnelle avec ces quelques images d’un enfant tout juste né avec la peau suivant la courbe des os, couvert de mouches avides, les grands yeux tristes, des yeux immenses où la douleur et l’injustice du monde se voient à plein, le temps du journal télévisé, ou même pas, entre une course automobile et un homme politique qui en a traité un autre de dindon, ce qui a fait un très gros scandale dans la ménagerie politicienne.

Alors quel intérêt que d’aller aider sur place avec quelques volontaires tous ces malheureux ? On pourrait dire que cela sert à remplir les journaux télévisés, mais c’est un peu court. C’est utile aussi pour les gens qui y vont, leur permettant à bon compte de se défaire de leur sentiment de culpabilité à ne rien faire, heureux de se montrer utiles, prenant une expérience de la vie irremplaçable, qu’ils raconteront par la suite toute leur vie, ou qui hanteront leurs pires cauchemars dont il ne sauront plus se défaire. Et que faire d’autre se dira le public des pays riches et en paix. On fait ce qu’on peut, ce qu’on peut. La bonne conscience collective et individuelle s’achète à faible coût : quelques personnes volontaires pour aller en aider d’autres, vaguement aidées par d’autres financièrement.

Sur place, certes, les bénéficiaires de l’aide en sont bien contents. On les soigne de leur maladie donnée par de l’eau souillée, de la nourriture insuffisante, des charniers permettant les épidémies. On leur donne à manger, ce qui leur permet de crever de froid ; on leur donne des couvertures, ce qui leur permet de mourir de maladies plus lentement ; on leur donne des médicaments et des médecins, ce qui leur permet de mourir sous les bombes et la torture ; on leur donne tout cela, en quantité et qualité insuffisante, et ils meurent de tout à la fois.

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