20/11/2006

La punition des comportements déviants est le premier pas vers la normalité

Elle est nécessaire, certes, mais pas n’importe comment, et pas toute seule. Si elle accompagne la misère économique et sociale, elle est alors la pire des choses, engendrant un fort sentiment d’injustice, de haine, rancœur, provoquant une violence de plus en plus forte et apparemment « gratuite ». Remplir les prisons à satiété ne sert à rien, est bien au contraire contre productif, attisant la haine de ceux qui y sont enfermés, augmentant leur dangerosité par contact avec parfois pire qu’eux.

La répression est nécessaire, car l’être humain, dès l’enfance, apprend entre autres par la transgression : aller au delà de ce que ses parents lui croient possible, aller au delà même de ce que lui même pense pouvoir faire, afin de toujours apprendre, dans toute sa longue vie, afin de remplir son destin de témoin majeur de millions d’années d’évolution. La longue tâche des parents consiste entre autres à canaliser son envie d’apprendre, l’évolution nécessaire qu’il apportera à la société, par sa novation de propres comportements, de façon de penser. Mais aussi à l’empêcher d’aller trop loin, lui apprendre les règles sociales dites et surtout non dites.

La société elle même doit aller dans le même sens : permettre un certain laxisme, mais bien contrôlé, et surtout, ou au moins autant, donner les règles, les rappeler vigoureusement si nécessaire. Or, c’est tout cela qu’on ne fait plus.

Les adolescents modifient le pot d’échappement de leur deux roues à moteur, dérangent à répétition, parfois des heures durant, des milliers de personnes sur leur passage dans les villes, ou en faisant des ronds sur une place, sans que personne désormais n’ose leur dire quelque chose, les policiers ne voyant guère motif à verbaliser, malgré toutes les lois. Quant aux juges, ils ont bien d’autres choses à faire, et classeront à l’occasion la plainte sans suite, si jamais un intrépide ou un fou ignorant des us et coutumes venait à en déposer une.

Ce sont des « petites incivilités », pas de quoi fouetter un chat, et encore moins une petite racaille. Les gens tranquillement chez eux sont insultés en passant dans les cités, les filles peu vêtues sont traitées de putains, prélude à un viol prochain ou à être molestée ; les habitants doivent supporter les boites aux lettres cassées, courrier volé ou répandu par terre, les graffitis muraux que les riverains et autres contribuables payent à nettoyer ou prévenir. Un jour, quelqu’un en a assez, prend son arme à feu, tire dans le tas. Malheur à lui, à ce dément qui sera interné et/ou emprisonné. Comment ! Pour un peu de bruit il tue ou blesse un adolescent ! De victime il devient agresseur.

Si d’aventure il donne une bonne raclée à une petite racaille qui l’aura bien méritée, il n’aura plus qu’à déménager, et sa famille avec lui : les inévitables copains de l’agresseur mis pour une fois à terre vont s’acharner sur eux : insultes, vexations, agressions physiques, destruction des biens sont monnaie courante. Parfois, même en changeant de lieu d’habitation, on n’est toujours pas tranquille ; en effet, les copains ont suivi le camion de déménagement, et la famille n’est toujours pas à l’abri.

Mais voilà : le gouvernement n’aime pas les punitions collectives, et encore moins les solutions de fond. Il veut le calme. Son maître mot, comme au sein de toutes ses administrations : pas de vague ! Malheur à celui ayant troublé le bel ordre social. Pour les petites racailles de tous les jours, ce n’est pas la même chose. Eux sont hors norme, tout le monde les vilipende, pas besoin d’en rajouter. Mis à l’index de la société, on ne peut pas faire davantage contre eux. Mais la victime ayant voulu faire sa propre protection ne peut être pardonnée. Qu’importe l’enfer qu’elle aura endurée, elle et ses proches durant des années. Les juges, politiques, eux, vivent bien à l’abri de tout cela, y sont donc indifférents, suivant le bon principe : chacun voit midi à sa porte. Ils vivent dans des bons quartiers, où la police présente fait régner l’ordre. Et tant pis pour les autres !

Les alternances ont amplement montré que la droite ou la gauche ne sont pas meilleures, appliquent les mêmes préceptes, sauf à utiliser un discours larmoyant (gauche) ou sécuritaire (droite), effets d’annonces sans aucun résultat.
De toutes façons, la répression seule ne sert strictement à rien : il faut éduquer, donner des emplois, respecter, faire respecter... il nous faut un autre type de société, où l’argent servirait au bonheur des humains, et non plus à être mis dans la poche de quelques uns, au détriment de tous.

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