21/11/2006

Justice de la nature et justice humaine

Voyons la justice de la nature. Si vous êtes animal herbivore, vous serez fort probablement mangé un jour ou l’autre par un prédateur animal ou homme. Auparavant, il vous faudra bien vous accommoder des ressources en nourriture disponibles. S’il n’y en a pas, c’est très simple : vous mourrez très vite, et assez désagréablement. Si le coté matériel va bien, pour assouvir votre sexualité, il faudra être le plus fort si vous êtes un mâle ; femelle, vous aurez un peu le choix, mais pas trop : le plus fort sera pour vous. Et encore bien des groupes d’animaux n’ont que les dominants pouvant procréer (par exemple les loups). Bébé, vous venez de naître : espérons pour vous qu’un prédateur ne rôde pas dans les parages, sinon la vie se résumera pour vous à quelques minutes de respiration, ou même pas. Malade, vous crèverez comme… une bête.

D’accord, vous n’êtes pas, je ne suis pas, une bête. Quoique. Non, je plaisante. Pourtant, tout ce qui précède, aménagé pour l’homo sapiens, est parfaitement transposable. Moins dans nos contrées, généralement au moins. Bien souvent, tous autant que nous sommes, souvent dégoûtés de notre situation personnelle, nous nous révoltons contre l’ordre du monde. Pourquoi celui-ci a t-il telle chose, situation, amour, alors que moi je n’ai pas ceci et cela. Pourtant, nous devrions tous approfondir cette idée de justice. Est-ce normal d’avoir deux jambes alors que tel autre est né sans, ou a eu maladie, accident, guerre… lui ayant fait perdre une ou deux jambes ? Mais c’est spécial me direz-vous, cependant, si nous regardons le nombre de personnes sur Terre ayant une maladie relativement grave, handicap, cela, rien qu’en France, doit avoisiner les cinq millions de personnes : maladie cardio vasculaire, cécité, forte douleur constante articulaire ou autre, surdité, handicap physique divers ou moteur… Mais si vous naissez avec une tare congénitale, héréditaire, familiale éducative plus ou moins lourde, la justice dans tout cela… cherchez la, et lorsque vous l’aurez trouvée, faites m’en profiter !

Tout cela, c’est la justice de la nature. Du moins pour ceux croyant à la théorie de l’évolution des espèces. Pour ceux croyant en un Dieu, je sais moins, car j’ai du mal à comprendre. D’ailleurs, je crois que chacun met alors les choses à sa sauce. Je vous laisse donc à vos propres développements. Enfin, même si l’enfant naissant sans jambes ni bras, simplement parce que sa mère a pris sur conseil médical un médicament fort anodin (par exemple le fameux thalidomide), voit son mal venir du péché originel de tous les hommes, ma foi, j’ai du mal à croire que ce soit normal que cela tombe sur lui. Il est vrai que les voies du seigneur sont impénétrables. Dans ce cas là, laissez moi seulement écrire son nom : saigneur. Merci.

Passons à la justice des êtres humains. Nous l’avons vu ensemble dans tout ce site, je ne pense pas grand bien des hommes. Pourtant, ils, nous avons construit un formidable monde protégé du froid, de la faim, de la violence. Pas pour nous tous sur la planète, mais c’est déjà ça. La violence nous semble omniprésente, pourtant elle est si faible par rapport à celle de bien des pays actuels, ou dans notre si beau pays du passé. Allez faire un tour dans Paris ou d’autres villes. Les vieilles rues s’appellent : à la mort de Dieu, de la truanderie, la décapitation… ce n’est que de mémoire que je les cite, voire les invente. Faites votre propre tour, vous en trouverez bien d’autres. Vous avez deviné je suppose d’où vient le nom de ces rues. Hé oui. Dans notre merveilleuse capitale des Rois de France, la sécurité était restreinte aux quelques rues entourant le palais, et encore. Passée cette petite zone, vous pouviez vouer votre âme au seigneur. En tout cas de nuit. De jour, vous ne faisiez que crotter vos bas de chausses, si vous étiez assez riche pour vous en payer, à la boue des rues non pavées.

Charitable, vous pouviez donner quelque sou à l’enfant mendiant, acheté par son maître à quelque famille indigente. Après lui avoir cassé bras ou jambe, prenant soin que le membre cassé se remette dans une position difforme pour susciter la pitié, il l’aura placé au froid toute la journée, mission à lui de rapporter force écus, ou de se faire battre et pas nourrir. J’invente ? Ah oui. C’est vrai. Personne ne connaît trop le passé dans ses menues mais oh combien importantes composantes. De nos jours, les médias vont chercher les massacres des lointains pays, répètent, bulletin d’information après flash spécial, les malheurs des quelques imprudents tombés sous une avalanche. Si pas de malheur en France, on va chercher l’atrocité ailleurs. Qu’importe, pourvu que le peuple ait sa dose d’horreur. Voici bien peu de siècles, il suffisait d’aller quelques rues plus loin pour en trouver d’abondance.

Et la justice dans tout cela ? Mais non, mais non, tout ce passé est encore bien présent : dans d’autres pays, mais aussi dans notre merveilleuse France où l’on tolère que des putains mises au lit sans leur consentement, attirées depuis l’Albanie par exemple sous le prétexte d’un emploi de serveuse, se fassent menacer, battre, tuer si elles ne consentent pas à leurs dizaines de passes par jour. Si elles s’échappent ou dénoncent leurs proxénètes ? C’est alors parfois leur famille du pays qui est massacrée. Oui je sais. On n’y peut rien. Le droit international ? C’est quoi ? Vous n’y pouvez rien bien sûr. Le droit de vote ? Allons donc. Et puis vous, votre problème, c’est le programme de ce soir à la télé, le contenu de votre assiette, vos prochaines vacances. On ne peut penser à tout le monde. La justice, c’est pour vous, pas pour les autres, en tout cas pas pour tous les autres.

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