17/11/2006

Les Franc Maçons, entre la théorie philosophique et la basse réalité terrestre

Elles sont théoriquement faites pour améliorer le niveau de leurs membres, et par là, celui de la société toute entière. Ainsi est la finalité notamment des loges maçonniques telles le Grand Orient de France, la Grande Loge de France et autres mouvements n’acceptant de nouveaux membres que dûment sélectionnés, après enquête quasi policière sur les antécédents, questionnaire à domicile, batterie de questions posées devant l’ensemble des membres de la loge, vérification de la bonne moralité, et le plus souvent, plusieurs années d’attente. C’est normal : ces messieurs et parfois dames (mêlées ou non selon l’obédience) ont l’éternité devant eux et elles, rien de moins. C’est dire l’ampleur de la tâche qui attend tous ces gens, des frères comme ils s’appellent entre eux.

C’est dire aussi l’extraordinaire poursuite philosophique de tels mouvements, dont l’action concertative aurait été déterminante dans de grandes évolutions de la société française, comme la création de la sécurité sociale ou la retraite à soixante ans pour tous les français, qui aurait d’abord été décidée en catimini au plus profond de l’ambiance feutrée des loges, inaccessibles aux profanes. Quel fantastique instrument d’évolution humain aussi bien au niveau personnel que de notre espèce. L’élite de la nation qui en quasi secret s’ingénie à réfléchir, trouver des solutions, travailler en groupe afin que les meilleures idées de chacun soient peaufinées par le plus grand nombre. Et en plus tout ceci dégagé des influences politiques, commerciales, et d’intérêts privés ou de corporation divers.

Tout le monde a le droit d’entrer dans ces mouvements. Bien sûr, il faut satisfaire aux conditions draconiennes de passage. Tout le monde a le droit… certes, mais si on connaît déjà quelqu’un dans la place, ce sera bien plus facile de se faire accepter. Si on fait partie de la caste dite supérieure de la société : médecins, avocats, ingénieurs… on sera bien plus enclin à examiner votre cas. Selon les obédiences, on vous demandera de ne pas être un homme, ou une femme, ou de croire en Dieu, ou de ne pas voter extrême droite.

Tout cela diminue déjà singulièrement le « tout le monde ». Maintenant, voyons le caractère réel d’avancée sociale de ces mouvements. Les scandales de la loge maçonnique dite P2 italienne, celle bien française niçoise ayant participé à la gangrène judiciaire de blocages et malversations de multiples dossiers judiciaires dénoncée par Eric de Montgolfier, procureur de Nice, sont là pour nous faire douter de la perfection de ces loges, voire de celle de leurs objectifs. En effet, comment ces mouvements, aussi beaux soient leurs objectifs de départ, pourraient-ils être tenus à l’écart de la gangrène sociale voulant que tout le monde profite au maximum des occasions à disposition, fusse malhonnêtement.

D’ailleurs, interrogés directement, les membres des loges maçonniques ne s’en cachent pas : s’ils se glorifient de ne jamais avoir (théoriquement) profité de leur position sociale souvent haute pour faire profiter leurs frères humains de différents avantages au sein de la société s’ils le pouvaient, ils reconnaissent que, si un frère présente les mêmes caractéristiques qu’un inconnu pour un poste ou une promotion dans une entreprise par exemple, c’est le frère qui sera nommé. Quoi de plus naturel. Mais lorsqu’on sait comment fonctionne l’esprit humain, il est permis de douter fortement de l’équité d’une telle décision.

Celui ou celle qu’on connaît paraît toujours mieux placé que celui inconnu. D’ailleurs, les francs maçons ont tout un code pour pouvoir se reconnaître même s’ils se voient pour la première fois, c’est ainsi l’assurance de ne pas faire de boulette lors des choix éventuels à faire entre frère ou non frère. Enfin, le petit copinage étant ce qu’il est, les malversations sont forcées, à moins que ce ne soient tous et toutes de petits saints, ce qui ne s’est jamais vu, sauf à croire non seulement à une religion, mais aussi que les loges soient des réservoirs de pureté. On peut toujours rêver, mais pas s’illusionner.

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