20/11/2006

Mentalité collective, culture et instincts basiques

Ce qu’on appelle la mentalité collective, c’est entre autres ce qui est considéré comme normal, là où elle s’applique. Ainsi, chez les zoulous, il faut se promener torse nu, avec tel ou tel accessoire sur le corps. Chez d’autres il faudra mettre un étui pénien pour les hommes, des cercles autour du cou pour les femmes, désarticulant dangereusement les vertèbres.

Dans nos sociétés occidentales, il faut simplement se vêtir en général d’un pantalon pour les hommes, et d’une manière souvent plus excentrique pour les femmes. Le principe même de toutes ces règles que tout le monde respecte sans qu’elles ne soient écrites nulle part, c’est de les transgresser par les jeunes notamment, mais aussi par tous ceux les refusant.

Mais généralement ils s’empressent de les remplacer par d’autres s’appliquant bien plus coercitive ment par les membres du groupe. Ainsi, pour les punks, il serait suicidaire pour une personne se référant à ce mode de vie de ne pas avoir au moins l’un des traits suivants : blouson de cuir noir, cheveux colorés à la coupe étonnante ou courte ou rasée ; boucle d’oreille, tatouage mis en évidence, bottes ou grosses chaussures par exemple. Le punk venant en costume cravate parmi ses amis se verrait immédiatement rejeté.

C’est dire l’importance de la mentalité collective. Elle ne se réfère certes pas au seul habillement, mais aussi à la manière de vivre. En France par exemple, il n’était nullement bien vu de cracher par terre, dire des gros mots en pleine rue, d’insulter les gens, répondre mal à une personne âgée, tagger les murs.

Pour le plus grand nombre des français, ces mœurs ont encore généralement cours, mais pas toujours. Nous avons eu un ministre enchanté de considérer les tags comme œuvres d’art, et il n’est nullement rare, loin de là, de croiser des jeunes parler tranquillement, et de les entendre se traiter fort amicalement d’enculés. Ce n’est pas là signe d’agressivité, mais souvent le contraire ; ces jeunes ou moins jeunes par ailleurs, ont un comportement tout à fait correct généralement. C’est dire que le comportement moyen reconnu bon peut changer, de manière plus ou moins bienvenue.

C’est ce comportement qui est source de tous les problèmes. Cracher dans la rue devient de plus en plus à la norme. Avant guerre, il avait été interdit par le gouvernement de cracher par terre, à cause des risques de transmission de maladies telles que le typhus.

D’autres pays n’ont pas eu cette évolution, et nous en avons accueilli des milliers de ressortissants : il fut considéré comme souvent raciste de fustiger leurs coutumes, et nos jeunes bien pensants se sont parfois tristement mis à les imiter. Des jolies paroles telles qu’enculé de ta race ou nique ta mère se sont très démocratisées, à tel point qu’un auteur bien de chez nous a publié trois tomes de citations glorieuses, sous le nom de nique ta mère, qui eut un réel succès de terrain, mais n’en aura certainement pas à l’ du temps.

La mentalité collective se forge sur le terrain, dans la rue aussi bien qu’au plus profond des foyers. Elle est plus un résultat qu’une réelle volonté. Elle permet de juger un pays plus sûrement que n’importe quel énoncé gouvernemental, sociologique ou de brochure touristique.

A l'évidence, on ne gère pas une société de dizaines de millions de personnes ou davantage, comme on gère un groupe de vingt personnes rassemblées au sein d'une tribu. Là se construisaient dans le non dit, que tout le monde respectait, les règles de comportement collectif aptes à permettre la vie en commun avec le minimum de situations conflictuelles.

Plus le milieu était dur, plus le groupe se montrait soudé, et moins les antagonismes devaient dégénérer, voire se montrer, comme chez les Inuits par exemple, confrontés au royaume de la glace et du froid extrême, où il ne fallait même pas montrer un signe de colère. Celui ou celle contrevenant à cette micro mentalité collective s'exposait à de rudes châtiments pouvant aller jusqu'à la mort ou l'exclusion du groupe, c'est à dire bien souvent la mort face aux bêtes sauvages, à la nature, ou aux autres hommes.

Rien de tout cela dans les grandes villes de nos jours. Cela étonne souvent les provinciaux de voir que les gens des villes ne connaissent pas leurs voisins, ne leur parlent souvent pas, jusqu'au simple bonjour qui ne s'échange plus. Cela correspond en fait à une défense que l'individu construit face aux autres. Il faut en effet resituer l'homme dans son environnement. Quel est-il ? Un animal dit humain, avec une couche de vernis civilisé.

Pourquoi une telle notion, alors que l'être humain se différencie tant des animaux ? Imaginez-vous cent, deux cents millions d'années d'évolution. L'homme vient des plantes, puis poisson, mammifère, singe. Encore est-il resté plusieurs millions d'années tout près de ce dernier cousin, et ne s'en est-il départi lentement que voici quatre millions d'années environ, n'apprenant le feu qu’il y a cinq cent mille ans.

Nous avons plus de 80 % de gènes en commun avec un simple brin d'herbe, humble et prodigieux témoignage de notre passé. 99 % de notre patrimoine génétique est commun avec le chimpanzé ! Comment croire, avec de tels chiffres, que nous sommes plus humains qu'animaux !

Si vous acceptez une telle réalité, vous comprenez alors que tous, absolument TOUS nos instincts animaux sont brimés, bafoués par notre réalité de chaque instant. Nous avons par exemple besoin d'un territoire à nous, d'une distance de fuite par rapport à l'autre, de nous sentir faire partie d'un même groupe. Or, imaginez-vous dans le métro, ou tout autre lieu de plus ou moins grande promiscuité, avec quatre ou cinq personnes au mètre carré.

Aucun de vos instincts primitifs ne sont respectés. Les multiples sentiments, émotions, sensations de désir, d'agression, de peur font monter en vous tous les réflexes ancestraux que vous vous devez de réprimer. Si vous êtes très mal à l'aise dans ces situations, c'est tout à fait normal. Tous vos neurones, la moindre de vos cellules baigne dans un océan de médiateurs chimiques. Mais voilà, vous ne pouvez vous permettre de fuir, vous battre : vous devez rester sur place et faire comme si de rien n’était, augmentant votre mal être.

Tous vos clignotants hormonaux sont au rouge, vous indiquent une situation de danger, et vous transpirez même si vous n'avez pas chaud, vos poils se hérissent, vous êtes cloué à votre place alors que vous aimeriez tant être ailleurs. Et encore ne parle t-on même pas des multiples racailles autour de vous, tout aussi mal à l'aise que vous, mais qui se payent le luxe d'exprimer par leur mauvais comportement leur peur et leur haine face à vous, en rajoutant dans votre propre désarroi.

Il est alors normal que toute votre peur et toute votre haine accumulées se reportent sur ces faciles boucs émissaires, et que cela débouche tout naturellement sur du racisme anti autre ethnie, peuple, couleur de peau, jeune, gros ou autre, à votre convenance, et en fonction de votre personnalité et vécu. Les bonnes âmes vouant le racisme aux gémonies se trompent de combat.

C'est en fait une réaction tout à fait saine face à son mal être animal, apte à se ressaisir, se trouver des racines, même artificielles, un objet sur lequel porter sa haine, exorciser sa peur. Tout devient la faute de l'autre. En cela, le racisme montre ses tourments intérieurs, et se montre moins lorsque l'esprit est apaisé. Pour ôter le racisme, il suffit de rendre heureux et avec un esprit sain les gens. Vaste programme, certes !

Ainsi, dans une grande foule, une grande ville, avec trop de gens rencontrés, personne ne peut durablement se sentir à l'aise, tant ses instincts animaux sont brimés. Dans un petit village, tout le monde peut dire bonjour à tout le monde, hors les haines locales créées ; celui ne respectant pas cela se met en dehors, cruelle sanction, pas rare cependant, tant les gens ont martel en tête. Une petite communauté peut créer et entretenir ses propres manières d'être et de faire, pas lorsqu'elle grandit par trop.

Tout gouvernement devrait éduquer collectivement son peuple qui ne peut plus le faire seul, tant le nombre de personnes est important, et les cultures mélangées de plus en plus diverses et contraires, voire opposées. Un moule commun doit être créé, entretenu, renforcé. Certes, le mélange des cultures crée la richesse, mais bien souvent elle mène au désastre ; aussi doit-elle être encadrée pour se révéler féconde, le changement doit être expliqué tout en douceur. A défaut, délinquance et mauvais comportements de base en sont les résultantes.

Pour ne pas arriver à cette gabegie, la mentalité collective doit participer à l'éducation collective, par le biais de l'instruction civique à l'école, la sanction des comportements déviants, et l'éducation de masse par l'intermédiaire de la télévision notamment. J'entends les bons esprits, ou les inquiets émettre l'idée d'un embrigadement à la Mao. Ils ont raison. Mais depuis quand la vie en société ne procède pas par coercition, bourrage de crâne afin de créer une unité apte à faire supporter la vie en commun par tous et pour tous ? Le tout est de permettre aux gens une liberté suffisante, dès lors qu'ils respectent les règles de vie commune uniquement faites pour le bien de tous. A ce moment là, ces règles permettent le bien être général, et ne peuvent être tenues pour mauvaises.

Mais ce n'est pas ce qui est fait, pour différentes raisons. La publicité ne sert en effet qu'à embrigader les gens, sous couvert de liberté économique, et provoque une aliénation durable du public, considérant que posséder est égal à vivre, qu’avoir le dernier gadget à la mode signifie être heureux.

Il est temps que les moyens de communication moderne servent à un autre usage, apprennent aux gens à se respecter les uns les autres, par exemple ne pas cracher par terre, laisser les gens descendre des bus ou métros avant d'entrer, ne pas le faire lorsque une sonnerie l'interdisant est présente, ne pas couper la parole aux autres, etc., etc.… Bien sûr ces recommandations paraissent tellement évidentes, stupides même. Pourtant, leur non respect basique pourrit la vie des gens.

Bien plus encore, comme le dit fort bien l'adage français : qui vole un œuf, vole un bœuf. Celui ou celle opérant une dite petite malversation, non punie ou insuffisamment, est conforté dans l'idée qu'il ou elle est bénéficiaire de sa mauvaise action, et va en faire d'autres puis plus grandes. Par effet de contagion, ceux ou celles autour vont faire pareil, amenant rapidement à une situation incontrôlable.

C'est ce qu'ont pu constater la SNCF ou la RATP, qui procèdent rapidement au changement ou nettoyage de tout ce qui est cassé ou sali, volontairement ou pas dans leurs voitures de voyageurs, car sinon, un petit mal en amène un plus grand, et cela empire très vite. De la même façon, un quartier qui est sale, ordures par terre, mobilier urbain détérioré ou laissé à l'abandon engendre l'agressivité et l'indifférence de ses habitants, puis la dite petite délinquance, et ainsi de suite jusqu'à des faits de violence de plus en plus graves.

C'est le même scénario qui se passe avec la délinquance des mineurs. On n’arrête pas des enfants de moins de treize ans en France, ou on les remet de suite en liberté ; on pourrait sanctionner leurs parents, mais cela ne se fait pas. Ce sont des familles déjà au bord du gouffre, il ne faudrait pas augmenter leur détresse en diminuant par exemple leurs allocations familiales, ou pire, en mettant en prison l'un des parents.

Alors, quelle que soit le délit : dégradation, vol, insulte… le petit est impuni, se rit des autorités policières à qui il dit d'emblée qu'il connaît ses droits, se moque d'eux, les insulte copieusement, non sans évidemment se considérer comme injustement traité. Tout cela forge une mentalité de groupe, cette fameuse mentalité collective que ni l'état ni les élites n'ont voulu créer puis renforcer. Evidemment, cette mentalité de fait est pire que tout, c'est ce qu'on a actuellement dans bien des pays développés, dont la France.

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