20/11/2006

L’argent, but ultime de nos sociétés, nourrit le radicalisme religieux

Notre société produit du fric pour le fric : c’est le modèle libéral capitaliste qui fait la fortune du monde, maintenant que le modèle socialiste s’est amplement cassé la gueule. Mais à quoi sert cela ? Toute l’activité de la société est pervertie par le besoin de produire de l’argent, d’être rentable. Exit donc les services publics déficitaires, remplacés de manière plus ou moins déguisée (par exemple par le biais de filiales de droit privé) par les entreprises privées.

Auparavant, les entreprises licenciaient lorsqu’elles y étaient obligées, perdant de l’argent, et c’était chose compréhensible que de restreindre les effectifs pour ne pas tomber en faillite ; c’est désormais pour accroître les profits que le nombre des chômeurs augmenter. Une société de droit privé n’est pas là pour faire du social, du charitable, mais pour gagner de l’argent, et c’est donc sain d’avoir le nombre adapté de salariés pour le produire, mais pas si c’est au détriment de leur santé, en minutant leur temps pour aller uriner, le décomptant même de leur temps de travail, comme si un humain ne produisait pas naturellement de l’urine en travaillant, aberration des temps modernes !

Les jeunes ont vu leurs parents parler avec tendresse de leur entreprise à laquelle parfois ils vouaient un véritable culte, comme Renault ou Michelin ; au temps des compressions d’effectif, ceux qui avaient donné toute leur vie de travailleur au service de leur pays se sont vu débarquer du jeu social, allant grossir les rangs de la première –et parfaitement inefficace- entreprise française, soit l’ANPE.

Travailler pour être sous le joug d’un petit chef se défoulant sur vous, vous expédiant au chômage à la première remontrance parfois, donnant un salaire insuffisant pour pouvoir habiter un logement suffisamment grand, proche de son lieu de travail, apte à éduquer ses enfants : voilà ce que la société leur impose souvent. Le chômage ou le RMI, ou mieux le travail au noir ou délinquant (vendre de la drogue, des marchandises volées..) leur apparaissent souvent comme une bien meilleure solution.

Il faut donner un objectif aux jeunes. De tout temps, et fort heureusement pour contrer le ronronnement de la société, les jeunes ont constitué une force de progrès, de remise en cause de l’existant. Cependant, pour ce faire, il faut leur permettre de voir loin, de leur donner à espérer. Or, la proximité de l’information leur fait voir la crapulerie générale de la société, tandis que dans le même temps on s’attaque (enfin) à l’impunité de fait qui leur a permis d’extérioriser leur rancœur à n’être accepté nulle part, tout en fructueusement faisant marcher leurs petits commerces illégaux.

Mais on ne leur a pas donné à rêver, bien au contraire. Les êtres politiques qui sont censés les représenter sont tous issus des hautes couches sociales, hors de portée des représailles judiciaires que justifierait leur comportement. Ces jeunes ne peuvent plus admettre ce jeu social, autrefois accepté par leurs parents qui, sous couvert de la religion, des droits du plus fort ou du plus informé, du plus riche, se trouvaient très au dessous de toute la classe régnante.

Il n’en va plus de même pour leurs enfants à qui la télévision, l’ère de l’information de plus en plus fréquente leur ont permis de se rendre compte que les plus riches ne le devaient souvent pas à leur talent, mais plutôt à leur crapulerie, le fait qu’ils tenaient héréditairement les rênes de la société, par hérédité familiale ou de castes, alors qu’eux mêmes se trouvaient relégués au rang de pourvoyeur de chair, sinon à canon comme leurs parents, au moins à usines, ou à chômeurs lorsqu’on n’avait plus rien à faire d’eux.

De plus, la religion n’a pratiquement plus prise sur le monde des jeunes qui n’y croit plus, ou guère, et en tout cas n’acceptent plus de subir une piètre vie terrestre, dans l’espoir d’une récompense divine éternelle éventuelle après leur mort. Dieu faisait rêver, mais c’est fini pour la plus large majorité de la population. Dieu est fini pour les français de souche, bien insérés dans leur société souvent.

Par contre, pour les étrangers ou français de souche étrangère, notamment musulmans, Dieu est source d’identification, là où ils sont rejetés aussi bien par leur nouveau pays d’accueil que de celui de leurs parents. Promis aux plus bas postes dans l’échelle sociale, ou au chômage parfois par famille entière, la religion est leur protection, leur lumière, devenant peu à peu leur idéal, le seul visible dans leur néant.

On sait ce qu’au quotidien le désastre que cela produit dans les quartiers dits sensibles : rejet et amoindrissement, voire avilissement de la femme ; rejet des signes culturels français : musique, danse, télévision, habillement... allant jusqu’à fournir de nouveaux martyrs à la cause intégriste. Le rejet produit le rejet, et c’est bien normal. Partageons, donnons, aimons, et l’humanité souffrira moins, y compris ceux assis sur leur tas d’or, ou, plus prosaïquement, tous ceux ayant bien plus que le strict nécessaire pour vivre.

Si les gens d’âge mur ont appris à subir l’écrasement considérable de la société, du droit du plus fort, il n’en va nullement pareillement pour leurs enfants. De plus, on a raisonnablement enlevé le service militaire qui arrivait à canaliser les énergies bouillonnantes des jeunes, à fabriquer un creuset commun, à leur apprendre l’obéissance, mais on l’a remplacé par : rien.

Pourquoi ne pas avoir institué un service civique d’entraide, permettre à tous de voir les autres vies de la société, apprendre des règles de vie commune que bien souvent les parents ne sont plus aptes à faire intégrer, si eux-mêmes les ont seulement acquises.

C’est un immense gâchis que de voir toute cette jeunesse butée au mur de sa propre rébellion de toujours, sans rien pouvoir en faire d’utile : scoutisme, religion, construction de la patrie par la guerre, le commerce, l’industrie, toutes valeurs des anciennes générations les ayant précédés. Pour ceux d’en bas, la société ne leur propose plus que de consommer, sans leur en donner les moyens, d’où la fréquence des vols, rackets, menaces, commerces illicites, actes de dégradation.

Donner un objectif aux jeunes, c’est tout l’art de toute société voulant se pérenniser, et avancer en même temps.

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