20/11/2006

Vos souffrances d’enfance et adolescence vous poursuivent toujours

Noël 2003 : une femme de 47 ans est morte dans un quartier populaire de la ville de Montpellier, d'une quinzaine de coups de couteau portés au thorax et au cou. Son concubin, 56 ans, grièvement blessé, a miraculeusement survécu à huit blessures dans le dos et la poitrine qui ont entraîné un malaise cardiaque. Il est le beau-père des suspects, deux frères âgés de 23 et 28 ans.

Pourquoi un tel déferlement de haine ? La rancœur tenace des deux frères contre le couple parce que leur ex-beau-père, qui les avait élevés, avait quitté leur mère pour cette nouvelle compagne détestée... Les fortes doses d'alcool ingurgitées ce soir-là par tous les protagonistes avaient aidé à l’affaire.

L'aîné occupe le rôle central. Le 2 janvier 1998, au terme d'une soirée familiale fortement alcoolisée, il avait tué de trois coups de couteau le frère de sa femme. Au départ de la dispute : une histoire de pâtes trop cuites. Mais il avait vu rouge lorsque son beau-frère avait insulté la mémoire de son père. Un père qu’il a vu se suicider d'un coup de fusil dans le ventre alors qu'il avait 7 ans, un 25 décembre...

Il était sorti de prison deux mois avant noël, condamné à une peine de dix années de réclusion criminelle prononcée par la cour d'assises de l'Hérault en décembre 1999. Décrit par tous comme un garçon "doux et aimable" bien qu'ayant un sérieux problème de boisson, il n'a finalement purgé que cinq années de prison.

Les réductions de peines annuelles, sa conduite exemplaire derrière les barreaux, où il travaillait assidûment, lui ont permis d'obtenir une libération conditionnelle à l'automne. Suivie d'une décision d'un juge d'application des peines de Toulouse, lourde de conséquence : interdit de séjourner dans l'Hérault, il s'est vu accorder la permission exceptionnelle de passer les fêtes à Montpellier, chez sa mère...

Bien triste affaire que celle-ci, n’est ce pas ?! Alors voyons, de quoi vais-je bien pouvoir vous parler avec tout ça.... L’affaire est en or pour évoquer bien des problèmes suggérés par cette affaire. Traiterai-je de ces juges inconscients qui accordent des dérogations de visite à des demi fous criminels ?

Rappellerai-je l’inanité de ces lois ou règlements qui font que des tueurs ne purgent guère que la moitié de leur peine ? Du manque ou plutôt du non suivi thérapeutique des dangereux individus en prison ? Ou encore de la pauvreté d’argent qui accompagne souvent celle de la culture, amenant l’alcoolisme par exemple. Il est vrai que je pourrais encore fustiger notre pauvre société absolvant par le rire tous les ivrognes des innombrables soirées de cuite.

Mais non, d’ailleurs reportez-vous à la tête de chapitre : nous examinons ici la rééducation. Mais avant, il faut naturellement parler de l’éducation. Vous n’avez pas fait attention peut être à une partie de l’histoire, essentielle en fait : méli mélo éducatif, entre père, beau père, père qui se tue sous les yeux de son enfant, précisément un soir de noël... pas mon propos de faire de la psy, mais juste de vous faire interroger : si cet enfant avait vécu dans le bonheur, un milieu familial constructif, pas d’alcool, de l’amour, serait-il devenu ce criminel ? Qui tue lorsqu’on lui rappelle sa souffrance d’enfant, qu’il n’a jamais pu comprendre, supporter, sublimer...

On laisse ainsi se promener dans la nature de véritables criminels en puissance, tout simplement parce qu’on ne les a jamais guéris de telle ou telle blessure, unique parfois, gravissime, mais le plus souvent multiple et répétée jour après jour, au sein d’une mauvaise éducation, véritable défouloir de parents et fratrie marqués au plus profond de leur psychisme. Un jour, ces êtres, ou leurs enfants, vous atteindront, vous, ou vos proches.

Qu’attendez-vous pour les faire soigner, les aider, avant qu’ils ne vous atteignent ? Il ne s’agit pas de punir, ils le sont bien suffisamment comme cela par leur mauvaise vie, tous leurs tourments passés, présents, futurs. S’ils passent à l’acte, un mauvais acte répréhensible par la loi, qu’ils sont pris, ils bénéficieront peut être de circonstances dites atténuantes.

Comédie de la société. Forcément, tout criminel, tout fou frappant son frère humain, peut bénéficier de la mansuétude de ses juges, voire de leur absolution. S’il a frappé, c’est qu’il souffre. Plutôt que de frapper à son tour, la société dans son ensemble, et d’abord dans chacune de ses composantes, doit apprendre à pardonner, rééduquer, laver, nettoyer de la saleté tout esprit souffrant. C’est plus dur à écrire qu’à faire. Pas seulement, « seulement » parce que trop de gens sont à convaincre.

Non. C’est très dur de changer un esprit dévié dans le bonheur auquel il a le droit. Par exemple, vous qui me lisez. Vous avez sans doute un petit ou gros travers que vous vous êtes reconnu. Pourtant, je l’espère pour vous, votre éducation s’est déroulée dans l’amour, le dit normal. Mais vous avez bien du mal à changer cette petite chose en vous qui vous fait problème : la peur dans un ascenseur, face à l’autre, timidité, tabagisme...

Alors, pouvez-vous vous imaginer pouvoir vous défaire d’une souffrance créée par chaque instant de votre éducation ? Et pouvoir le faire pour un autre, même par des professionnels ? Là réside la véritable difficulté du changement. Et on en est pas là. Sans encore parler des problèmes politiques. Par exemple l’islam intégriste frappant à coup de bombe : problème personnel de tous ces martyrs ? Problème politique ? Problème social de pauvreté ... ?

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