Médecins et pharmaciens : deux commerces comme les autres
Les médecins constituent une classe à part, ayant également bien infiltré tous les rouages de décision politique, mais un peu plus ouverts à l’inclusion de roturiers. Cependant, ceux-ci resteront infériorisés, quels que soient leurs résultats professionnels, ceci toujours dans le même objectif de maintenir la cohésion de l’ensemble. Par ailleurs, un syndicat nommé l’ordre des médecins possède le privilège absolutiste de condamner, et même, révoquer le médecin ayant fauté, bien souvent appuyé par la justice.
Exemple : le médecin ayant dénoncé la maladie depuis bien longtemps connue de François Mitterrand, fut interdit de pratiquer. En effet, il avait violé le serment d’Hippocrate commandant de ne jamais révéler une maladie. Pourtant, M Mitterrand, suite à la longue maladie de M Pompidou qu’il avait caché jusqu’au bout à la tête de l’état (ben oui, toujours la même chose : un pouvoir, ça se garde jusqu’au bout, quitte à ne plus pouvoir diriger le pays) avait promis de publier publiquement tous les six mois son bulletin de santé. Il a bien respecté sa promesse, à un détail près : le contenu de ce bulletin était faux. Qu’importe qu’il ait sciemment menti à tous les français, car ceci est considéré comme tout à fait normal pour tous. D’ailleurs, le bourrage de crâne ayant tant produit ses effets, les français en majorité se déclarent contents de ce jugement, véritables dindons de la face, heureux d’être considérés comme de parfaits crétins par les plus hautes instances politiques et judiciaires. C’est ce que La Fontaine nommait : Haro sur le baudet.
Il va sans dire que l’ordre des médecins n’est pas là pour protéger le patient, mais pour protéger ses syndiqués contre ceux voulant les accuser de tous les maux, ou pire encore, des médecins désirant faire évoluer favorablement la médecine, pratiquant par exemple l’homéopathie ou l’acupuncture, avant que ces deux nouvelles disciplines soient enfin reconnues dans leurs bienfaits. Les trublions sont assurés d’en passer par leurs fourches caudines, alors que les médecins véreux faisant de l’argent à coup d’opération inutiles ou mal faites ne seront jamais inquiétés, à moins que la justice civile ne les y oblige véritablement, mais ce au long de beaucoup d’années où ils auront eu maintes fois l’occasion de jouer leur rôle de crapules.
A propos de ce serment d’Hippocrate que tous les futurs médecins doivent obligatoirement prononcer à leur intronisation, savez-vous qu’il leur impose de soigner gratuitement l’indigent ? Si vous êtes dans ce cas, je vous conseille de le leur rappeler lors de votre future consultation, mais je vous souhaite bien du plaisir quant au résultat. Car cette profession, sous couvert de faire le bien de l’humanité, fait surtout le sien. Ainsi, pour faire un examen sérieux du système pulmonaire, il faut bien une heure à un médecin prenant son métier au sérieux. Or, celui-ci dans l’immense majorité des cas (disons 99,999 % des médecins) se contentera d’une consultation de 10 à 20’ maximum, pas que pour les poumons, mais pour le corps entier, cette durée comprenant l’entrée dans le cabinet, la présentation d’usage, quelques paroles pour dire son état, le déshabillage éventuel (certains médecins s’en passent, pour accélérer le temps de consultation), rhabillage, écriture de l’ordonnance, et bien sûr de votre chèque, moment le plus important peut être pour lui ou elle.
En fait, le médecin ne consacrera guère plus de quelques minutes à vous examiner, prescrivant une liste impressionnante de médicaments, car dans l’esprit de la plupart des gens, un bon médecin est celui qui prescrit, et s’il ne vous trouve rien, c’est qu’il est mauvais. Ce qui est très amusant, ou très tragique en fait, c’est que si vous avez oublié de dire quelque chose et vous en rappelez en fin de consultation, il vous le reprochera éventuellement, disant que cela change tout. Certes, mais c’est à lui, lors de ce qu’on appelle en médecine l’interrogatoire, qui doit songer à toutes les questions que vous, patient, ne pensez pas forcément à dire. C’est à dire qu’il inverse presque les rôles, inquiet de la rapidité nécessaire à l’élaboration de la constitution la plus forte possible de son chiffre d’affaire.
Les relations entre médecins et état sont particulières en France, car ils participent bien au trou éternel de la sécurité sociale. D’un coté, ils sont assurés de pouvoir en toute impunité continuer longtemps à y participer, faisant partie de l’establishment politique votant les lois ; de l’autre, l’aberration financière oblige les autorités politiques à prendre une décision. Le tout est que celle-ci ne soit pas prise en leur défaveur. D’ailleurs, leur puissance s’est vue à l’occasion de la dernière élection politique présidentielle, ou Jacques Chirac fraîchement élu, prit de suite la décision de relever leurs honoraires, afin de les remercier de leur soutien. Oh ! 10 %, ce n’est rien ! A peine en plus pour chacun d’eux en moyenne l’apport d’un SMIC par an, c’est à dire rien du tout.
D’ailleurs, à ce sujet, une anecdote. Au dernier rendez vous médical que j’ai pris chez un généraliste, j’ai dû payer 25 euros. Etonné, j’ai demandé si la consultation n’était pas passée à 20 euros ? Mais non m’a t-il répondu presque outragé de ma question bestiale, 20 euros est le prix normal, 25 si on a pris rendez vous. Sidéré, j’ai téléphoné à la sécurité sociale, ce médecin était dans son bon droit ! 5 euros de plus juste pour mettre mon nom sur son agenda, me permettre éventuellement de ne pas attendre en pure perte 2 heures dans son cabinet, voilà qui est de nature à grassement remplir son portefeuille !
On aura bien compris que dans la société française, entre autres, les médecins font un peu ce qu’ils veulent. Certains, paraît-il, n’ont même pas des revenus égaux au SMIC ; beaucoup d’autres ont des revenus exorbitants, exorbitants si on les met en regard soit à leur faible compétence, soit à la faible durée de leur consultation, leur interdisant de circonscrire correctement leur malade, ou tout simplement face aux revenus des autres français. Mais c’est la loi de la société capitaliste dite libérale, où tous ceux pouvant librement se faire de l’argent sont en droit de le faire autant qu’ils le veulent, quitte à travailler 70 heures par semaine en profession libérale.
Mais cette société n’est libérale qu’en mots. En effet, le public ne peut guère faire jouer la concurrence, le nombre de médecins étant actuellement trop faible par rapport à la demande. C’est pourquoi ils peuvent se permettre de vous faire attendre souvent plusieurs dizaines de minutes, voire davantage dans leur cabinet, pratiquant sans doute avant la lettre le surbooking, et sans doute incapables de gérer correctement leurs rendez-vous. En effet, n’est pas étudiant en médecine qui veut. Certes, il faut un niveau intellectuel minimum, mais c’est un concours d’entrée avec numerus clausus, c’est à dire que quel que soit le niveau des étudiants, on en prendra tant, et tant seulement, que le dernier ait 19 ou 6 de moyenne générale à la série d’épreuves. On entretient donc savamment la rareté.
On rétorquera que lorsqu’on fait huit années d’étude minimum, on ne peut risquer d’être mis au chômage du fait de la trop grande disponibilité médicale, ou aussi que faciliter l’offre médicale creusera davantage le trou de la sécurité sociale. Dernier argument bien spécieux lorsqu’on voit qu’on rembourse à tour de bras des médicaments inutiles quant à leur effet. Ainsi sont prescrits des antibiotiques dans la plupart des angines et rhumes, alors qu’à 80 % ces affections sont d’origine virale, là où les antibiotiques n’y peuvent rien. Pour garder leur clientèle, les médecins ont pris l’habitude de prescrire quantité de médicaments ne servant à rien, parfois antagonistes. Les personnes âgées, notamment, parfois ne prennent pas leurs médicaments pendant leur repas, mais leur repas pendant les médicaments. C’est une plaisanterie, mais indiquant la surconsommation médicale française. Là où un peu de sport, de détente, de traitement psychothérapeutique serait nécessaire, les médecins prescrivent médicament sur médicament.
Quant à protéger les médecins du fait de la longueur de leurs études, on attend impatiemment qu’il en soit fait de même pour toutes les autres catégories sociales, qui, à quantité d’années d’étude équivalente ou supérieure, se voient rejoindre les cohortes de chômage sans la même protection : architectes, avocats, ingénieurs, informaticiens… Non, les médecins jouissent en fait de leurs bonnes entrées auprès des puissants comme de leur noyautage des leviers de commande français.
Les pharmaciens bénéficient de la même protection de l’état. Aucune autre pharmacie ne peut s’implanter dans un certain rayon autour de celle déjà existante, en fonction du nombre d’habitants. Les longues études, le capital mis en cause sont sans doute les raisons à mettre en avant à cette étrange défense dans leurs intérêts. On peut supposer que ces officines ont à cœur d’exécuter en échange un service médical fidèle pour la nation qui les protège aussi bien. Il n’en est rien, ou très insuffisamment.
L’UFC (Union Fédérale des Consommateurs) a ainsi fait prescrire volontairement une fausse ordonnance mettant en jeu des médicaments dont la prise conjointe pouvait avoir des effets dangereux. La plupart des pharmacies se sont exécutées dans leur délivrance, véritables criminels en puissance. Que s’est-il passé par la suite ? Y a t-il eu procès de l’état contre ces pharmacies coupables, radiation de la part de leur ordre ? Point du tout ! L’ordre des pharmaciens s’est empressé d’assigner devant tribunal… l’UFC pour tromperie délibérée. Son petit copain (rappelez-vous le fameux mot de Michel Poniatowski : la république des copains et des coquins… dans ce site, nous remplaçons le trop gentil mot : copains, par : crapules, pour se mettre plus près de la réalité) l’ordre des médecins a volé à son secours en suspendant le médecin coupable d’avoir écrit une fausse ordonnance. Bien sûr la puissance publique n’y a rien vu de mal. C’est normal, ce sont les mêmes qu’on retrouve partout, et un service en valant un autre, c’est ainsi que la corruption gangrène l’ensemble de la société française.
Une pharmacie, cela ramène beaucoup d’argent, mais pas assez aux yeux de leurs propriétaires. D’autant plus que luttant pourtant bec et ongles afin d’interdire la vente de sparadrap par les grandes surfaces, sous prétexte de devoir avoir fait huit années d’étude pour pouvoir le faire (hé oui, vendre du sparadrap, cela demande de vous donner un conseil pour ne pas l’utiliser dans n’importe quelle condition), ils ont perdu ce combat, entre autres. D’où un chiffre d’affaires baissé. Fort heureusement pour elles, un accord avec différentes industries empêche certains de leurs produits d’être mis en vente ailleurs que dans leur officine (c’est ce qu’on appelle la société libérale, à vitesse variable, selon qui est en face). Regardez la prochaine pharmacie que vous croiserez sur votre chemin, la façade, l’intérieur, bourrés de publicités pour des collants, crèmes solaires, produits de régime amaigrissant… produits assez éloignés de leur fonction de base, mais leur apportant 20 à 40 % de leur chiffre d’affaires. C’est donc en partie un commerce comme un autre, qui en tout cas doit rapporter. D’ou le transfert de leur bonne image médicale sur des produits qui n’en ont plus grand chose à voir, comme des savons vendus en grande surface, mais les gens sont dupes, et vont acheter dans les pharmacies les mêmes produits parfois, mais bien plus chers.
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