Les assassins de la route : enfin un effort, fait par Jacques Chirac
8.000 morts chaque année sur les douces routes de France, environ 100.000 blessés graves. C’est mieux qu’avant. Voici une vingtaine d’années c’était, en proportion du trafic, le double. On a fait des progrès grâce à l’amélioration du réseau routier, l’entretien obligatoire des véhicules, via le contrôle technique, et… le permis à points, qui a un peu plus « responsabilisé » les conducteurs.
La route est un endroit où le permis de conduire peut s’assimiler à un permis de tuer, en toute légalité. Ainsi le montrent les accidents mortels entre autres, dus à l’alcoolisation du conducteur (un tiers des accidents en est directement dus). L’alcoolisé sait pertinemment qu’en prenant le volant avec un ou plusieurs verres d’alcool dans le sang, il mettait sa vie et celle des autres en danger : augmentation du temps de réaction, sur-confiance en soi donnée par l’alcool font courir un sérieux risque d’accident.
Mais voilà, la France est un des pays où il est considéré comme très drôle de s’écrouler sous la table ivre mort, et plus d’un saura faire régner une ambiance bon enfant à son travail, entre amis, au bar, se demandant comment il a pu la veille rentrer chez lui en voiture. Evidemment l’homme ne buvant pas durant une fête, ou autre moment convivial, ou plus grave encore, n’aimant pas l’alcool, sera taxé de femmelette, de casser l’ambiance, et on lui fera comprendre qu’il doit choisir entre boire (et tant qu’à faire de fumer tabac et/ou drogue dite douce) ou de décamper, ou du moins ne pas revenir. Et puis c’est si adulte de boire, fumer, comme le montrent toutes les publicités !
Si le meurtrier a tué sur la route par accident de voiture, il ne subira au pire qu’une peine symbolique de un ou deux ans ferme, au grand maximum. Encore n’est-ce qu’une récente évolution de la jurisprudence. Pourtant, le conducteur alcoolisé, ou encore drogué au tabac (hé oui ! Le tabac diminue la vigilance, entre autres méfaits) ou au haschich, sait parfaitement qu’il met sa vie et celle des autres en danger. C’est dans toute la société, et partout dans le monde, qu’il est parfaitement toléré de tuer ou blesser autrui sur les routes, par dizaines de milliers chaque année, régulièrement, depuis que l’automobile s’est démocratisée.
Deux ou trois morts par terrorisme provoquent un véritable tollé, la mise à disposition immédiate, partout en France, de cohortes de policiers, gendarmes, militaires, le déclenchement automatique d’un plan soigneusement étudié à l’avance, la libération de gigantesques sommes d’argent pour éviter tout nouvel attentat. Les milliers de morts annuelles sur les routes françaises, les dizaines de milliers de blessés graves, handicapés à vie ne suscitent guère, sporadiquement que quelques émissions télévisées ou autres scandalisées, avec force démonstrations de reportages chocs, puis tout reste comme avant. On objectera que des morts par terrorisme, et des morts par accidents de la circulation, ce n’est pas du tout pareil. Pourtant, 1 mort égal 1 mort, ou plutôt vingt morts d’un coté, sont moins que des milliers d’autres de l’autre façon.
Alors on dit : oui, mais ces morts sur les routes, personne ne les a voulues. A voir ! Chacun sait qu’il peut en toute impunité dépasser les vitesses limites sur les routes. C’est bien rare qu’on se fasse prendre. Prenez le périphérique entourant la ville de paris. La vitesse y est limitée à 80 Km/h. Les allures réelles dépassent très souvent les 100 Km/h. Les policiers baissent les bras, disent qu’il faudrait arrêter tout le monde, que ce n’est pas possible. Balivernes ! La force d’exemple est considérable. Il n’est qu’à voir ces automobilistes freiner très fortement, au risque de provoquer un accident, dès qu’ils aperçoivent le moindre képi à l’horizon. L’agressivité au volant exige qu’une grande partie des conducteurs fasse un temps plus ou moins long en psychothérapie par exemple, comme le montrent les multiples mauvais comportements tels que conduite en zig zag et autres, peu ou pas sanctionnés par une justice objectivement complice de toutes ces individus.
Victoire enfin pour les tenants d’une répression très accrue : notre président a décidé, à la surprise de tous, d’en faire une priorité nationale. Ceci est très heureux, mais c’est l’arbre qui cache la forêt, et permet d’oublier d’autres tâches tout aussi urgentes, voire davantage, qui tuent bien plus de français, comme le tabac, ou en font souffrir infiniment plus, comme toutes les malversations financières peu ou pas punies de fait.
La baisse "historique" du nombre de tués sur les routes
Près d'un an jour pour jour après que Jacques Chirac a fait de la lutte contre la délinquance routière un des chantiers prioritaires de son quinquennat, le nombre de personnes tuées sur les routes s'est élevé à 6 350 sur la période juillet 2002-juin 2003, soit une baisse de 1 405 (18,1 %) par rapport à l'année précédente et 121 915 blessés, soit 25 215 de moins, une baisse de 17,1 %.
Il est étonnant qu’un président ayant volé l’état français, qui devrait être condamné pour cela, qui manipule les circonscriptions administratives électorales, est co-responsable des mensonges d’état ayant coûté la vie à bien des français : Tchernobyl par exemple, que cette même personne puisse avoir fait un geste aux conséquences bénéfiques si fortes.
En fait, cela n’étonnera que ceux, mais ils sont légion, qui pensent qu’un être ne peut se montrer que tout bon ou tout mauvais. Ce qui est réellement étonnant est que la volonté d’un seul homme, soit-il au plus haut de l’état, suffise à enregistrer des résultats si considérables. Lors de l’attentat du 11/9/01, les Etats Unis pour moins de tués que cela (en proportion de leur population) est partie en guerre contre le monde entier, et pour des milliards de dollars. Faut-il décidément croire qu’un mort ne peut être égal à un autre ?
Une mort par terrorisme ne saurait s’accepter. Je viens me ranger à cette opinion, mais qu’en est-il alors d’une mort par accident de la route, si aisément évitable ? Cela ne représente t-il pas un scandale finalement bien plus grand ? Car s’il est bien difficile d’échapper à une mort par terrorisme dont les racines sont multiples, appellent à bien des volontés agissant ensemble, il suffit pour garder bien des vies de… mais écoutons le premier ministre de l’époque s’exprimer :
Jean-Pierre Raffarin a rappelé que la vitesse est l'adversaire numéro un et en a profité pour lancer aux Français un appel national à la prudence. Il faut qu'on respecte le code de la route. Le code de la route, c'est le code de la vie. C'est respecter l'autre et se respecter soi-même, a-t-il insisté. Le premier ministre a réaffirmé que cette priorité nationale constituait un travail d'équipe concernant tous ses ministres.
Oh ! C’est beau ! Une priorité nationale, en effet, consistant, comprenons le bien : à respecter simplement le code de la route ! Il faut une action concertée de tous les ministres pour cela ? Vraiment ? Pour juste faire respecter la loi ? Pour gagner des centaines de vies, des dizaines de milliers de vies gâchées par la mort ou la blessure d’un proche ? Et cela fait des dizaines d’années en France que cette priorité nationale n’avait pas été appliquée (en espérant qu’elle le soit effectivement et sur la durée), que des gens imbibés d’alcool conduisent n’importe comment sur toutes les routes du pays en toute quiétude, provoquent des centaines de morts (rappelons le : un tiers des accidents mortels routiers directement imputables à l’alcool), et que des autres, dans toutes les couches sociales du pays, s’esclaffent lorsqu’un proche enivré arrive à peine à s’asseoir à son volant.
Et que deviennent ces assassins ? Oh, après au maximum avoir écopé d’une année de prison avec sursis, ils pouvaient fêter au bistrot du coin leur sortie du tribunal, et conduire après bien entendu, avec toute la bonne compréhension des magistrats et de l’ensemble de la population qu’ils représentaient bien. Nous sommes bien tous des responsables !
Le ministre de la santé, Jean-François Mattei, en a profité pour annoncer qu'un certificat médical d'aptitude à la conduite, notamment pour les conducteurs de plus de 75 ans, allait être mis en place et sera étendu à l'ensemble des conducteurs tout au long de la vie avec une périodicité de dix ans. Cela aussi aurait dû être créé depuis des dizaines d’années ; même si les papys et mamies ne sont pas aussi dangereux que d’autres, ils sont tout de même responsables de bien des morts et blessés qui n’auraient jamais être.
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