Elevage porcin, souffrance animale et obésité mondiale
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), on compte environ 300 millions d’obèses dans le monde, dont 115 millions dans les pays en développement alors même que 95 % des personnes victimes de sous-alimentation chronique y vivent. Cette évolution de la surcharge pondérale et de l’obésité est constatée dans toutes les grandes régions du globe. En Tunisie, Brésil, Chine Inde. Dans les Caraïbes anglophones, 25 % des hommes et 50 % des femmes sont déjà obèses. L’obésité frappe également l’Afrique subsaharienne et l’Egypte .
Cette maladie touche plus facilement les femmes que les hommes. Les enfants insuffisamment nourris pendant leur enfance peuvent développer, lorsque leur alimentation devient plus riche, une pression sanguine plus élevée ou une obésité. Il n’est pas rare non plus de constater, dans une même famille, la cohabitation d’un enfant souffrant de carences alimentaires et d’un adulte atteint de surcharge pondérale.
L’augmentation de la masse graisseuse entraîne de multiples problèmes de santé, tels le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les problèmes liés aux muscles et au squelette, ainsi que certains cancers.
L’industrialisation de l’alimentation et le manque d’activité physique, associés à l’urbanisation, expliquent pour une grande part le développement de cette épidémie mondiale, que l’on rencontre surtout dans les villes des pays en voie de développement. Les populations passent alors d’un régime alimentaire traditionnel reposant sur les céréales, racines ou tubercules, comportant une faible proportion de lipides, peu de produits d’origine animale et une forte teneur en fibres, à une alimentation beaucoup plus riche en sucre, en lipides, en sel et, au total, en calories. Ce qui représente un changement considérable pour des populations qui ont, jusqu’à présent, surtout été confrontées à la pénurie.
La migration dans les villes peut entraîner jusqu’à un doublement de la consommation de plats gras et sucrés, peu chers et immédiatement disponibles, au détriment d’une nourriture traditionnelle plus coûteuse et nécessitant un temps plus long de préparation. L’accès facile à des huiles peu onéreuses a joué un rôle prépondérant en raison d’une production industrielle généralisée à bas prix. Cela a entraîné la multiplication par quatre de la consommation des huiles végétales par personne dans le monde au cours des quarante dernières années. S’y ajoute la diminution de l’activité physique. L’accès à des moyens de transport, la mécanisation du travail et la sédentarisation, l’augmentation des loisirs passifs, comme le cinéma et la télévision, jouent un rôle dans ces changements observés dans les pays en voie de développement.
Seuls les milieux favorisés et plus éduqués sont capables de renverser cette tendance en prenant en compte cet aspect du problème dans leur vie quotidienne. Les gens mangent de plus en plus de nourriture bon marché qui remplit l’estomac, sans fournir à l’organisme les oligo-éléments dont il a besoin.
Les pays en développement supportent ainsi un triple fardeau : les maladies infectieuses, les carences alimentaires et les maladies chroniques liées à la surcharge pondérale.
On mange, on mange, on mange. Quel plaisir de manger. Dans bien des pays, il est préférable d’être gros que maigre. Cela rejoint jusqu’à la caricature le proverbe : il vaut mieux être bien portant que pauvre et malade, du moins dans l’imaginaire français, entre autre. Une partie de la planète vit trop bien, notamment dans ce qu’elle mange, du moins en quantité. Quant à l’autre partie, vous savez ce qu’il en est. La Terre peut aisément produire assez à manger pour tous ses ressortissants. D’ailleurs elle le fait déjà, via ses pays développés. L’excédent, constant, est transformé en graisse chez les individus, mis dans les poubelles des particuliers, donné à leurs animaux familiers, brûlé ou mis à la décharge, ou parfois donné plus ou moins bien, plutôt moins que plus, aux pays en insuffisance alimentaire. Alors souvent dans ce cas, les récoltes pourrissent sur place, n’ayant pas trouvé preneur selon le triste jeu caca pipi capitaliste. Il ne faut pas trop penser à la qualité de ce qu’on mange, comme l’a montrée la crise de la vache folle, dernier ersatz de la folie économique humaine. Produire jusqu’à plus soif, jusqu’à plus faim, au nom de la rentabilité, montrant par là même sa démence, car conduisant à des désastres économiques et sociaux.
Certes, voici bien des dizaines d’années, la nation française ne mangeait pas à sa faim, outre les épisodes de guerre. Mais voilà longtemps que cela s’est terminé. Alors produire toujours plus, toujours moins cher, on peut se demander quel est l’intérêt de cela. Les producteurs eux mêmes en sont consternés, travaillant à la chaîne avec la matière première animale, que les autorités de Bruxelles définissent comme un produit agricole. Cela ne s’invente pas.
Exemple : après qu’un porc en batterie ait copulé quotidiennement sur un morceau de fer, son sperme allant dans un sac plastique, l’éleveur insémine les truies, produisant par an 24 porcelets. Voici vingt années, c’était 16. Démence oblige, on a augmenté le nombre. Progrès oblige : la mortalité a aussi augmenté : 27 %. Cela veut dire que sur cent nouveaux nés, 27 meurent. C’est tout de même beaucoup pour un élevage moderne si performant. Dès leur naissance, les bébés ont le bout de leurs canines coupé afin de ne pas abîmer les mamelles de leur génitrice. Hé oui, à une telle cadence productive, celle-ci ne peut laisser de coté quelques unes de ses pourtant bien nombreuses tétines. On coupe aussi la queue, afin qu’ils ne se mordent pas entre eux, du fait de la promiscuité.
Vous avez déjà visité un élevage porcin en batterie ? A part le Limousin qui fait de la résistance, toute la France y a cédé. Cela pue bien sûr, pollue, notamment en Bretagne, la nappe phréatique. Leur caca, on appelle cela le lisier. On ne sait pas qu’en faire. Il y en a trop pour l’étendre sur les cultures. Et puis il n’y a pas forcément que de bonnes choses dedans, vu ce qu’on leur donne à manger. D’ailleurs les éleveurs seraient bien incapables de vous dire ce qui est dedans. Ils font confiance à leur distributeur, et à ceux chargés de surveiller la filière. Une truie, cela a plusieurs portées par an, puis au bout de quelques années, c’est mis à l’abattoir. Pendant toute sa vie, elle aura été bloquée dans une cage en fer à peine plus grande que son corps. Cela fait pitié à voir. Les éleveurs ne sont pas spécialement fiers de leur travail, qui n’a plus rien à voir avec celui d’origine, proche des animaux et de la terre. Le bon sens a quitté ceux qui en étaient les derniers gardiens du temple.
On le sait : dans le cochon, tout est bon. La peau dont on fait des vêtements, chaussures, sacs ; la graisse sous la peau dont on tire le lard ; et tout le reste : les muscles, le cœur, jusqu’aux pieds et museau : tout se mange. Et pendant toute sa vie, cette excellent bête mange tout ce qu’on lui donne. Inutile de compter sur elle pour faire cesser son triste sort, en mourant prématurément ou en développant des maladies. C’est tout juste si le stress avant sa mort, lorsqu’elle la sent, peut rendre sa viande immangeable, pour peu qu’elle dure plus de trois minutes. Pardon ? Vous avez dit : protection des droits de l’animal ? Je vous réponds : protection de votre santé. Cela sera plus efficace auprès de nos populations plus aptes et enclines à se protéger qu’à protéger autrui, et encore moins aux truies. Excusez le jeu de mots : c’était tentant.
En fait, le cochon se défend. Sa viande est moins bonne, saturée d’eau par toutes les cochonneries qu’on lui donne : antibiotiques, puis par la préparation par exemple de son jambon : épaississant, anti oxydant… surtout, de larges plages graisseuses se voient dans son muscle, n’ayant plus grand chose à voir avec le cochon élevé traditionnellement, libre de gambader, d’aimer, se défouler, voir le ciel, folâtrer. Méfions nous. Ces excès de production alimentaire ne produisent rien de bon dans nos assiettes, rien de bon pour notre santé à long terme, rien de bon dans la protection animale, même si le cochon est le dernier de nos soucis, contrairement à des animaux plus en vogue, tels que le dauphin ou la baleine, qui en subissent pourtant infiniment moins.
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