08/01/2007

Publicité, bourrage de crâne et modèle économique suranné

La publicité est proche ou tout à fait dans la propagande. Elle est faiblement utile, nous renseignant sur les nouveautés ou l’existant. Pour l’essentiel, elle est destinée à nous faire acheter ce qu’on achèterait pas si on ne la regardait pas, et pire, à nous donner envie de payer ce qui ne nous sert pratiquement à rien. Ses messages s’adressent désormais à toutes les tranches d’âge, enfants et vieillards compris. C’est la segmentation du marché, de plus en plus fine, et qui fait ses progrès sur internet. Tout est en place pour nous envoyer des messages très ciblés sur nos désirs et préoccupations. Si on recherche de l’information sur les propriétés en vente ou location dans tel coin du monde, on reçoit comme par magie sur la page d’internet des liens ou publicités sur cette demande : l’informatique n’a guère de limite, et l’imagination fertile des publicitaires non plus.

En France, les coupures publicitaires télévisées sont assez réglementées par rapport à d’autres pays. Mais en fait la publicité est partout : à la télévision : différents protagonistes venant parler de leur film, livre, produit innovant ; politiques donnant leur vision de l’information à travers leur action ; jusqu’aux programmes pour enfants où l’on voit des héros se battre à coup de cartes magiques, en vente dans le commerce bien sûr. Partout on vous promet un monde de rêve si vous achetez tel ou tel produit. Bien sûr, et encore, on ne vous le dit pas si abruptement, mais on ne cesse de vous le suggérer. On présente une voiture, avec une belle femme à moitié nue à coté : on vous fait croire ainsi que vous aurez bien plus de chance d’avoir la seconde en acquérant la première, au plus profond de votre subconscient avide de sexualité ou d’amour, et sinon de reconnaissance, notamment de la gent féminine.

Ce mode de matraquage mental est bon pour tout le monde : si vous achetez telle lessive, vous voyez un chemisier tout propre, qui fait la jalousie et l’envie du voisin ou de la voisine (car la cible est féminine essentiellement), et de plus vous voyez une famille heureuse, pleine de joie, d’amour, de sourires, portant notamment bien sûr ce vêtement si beau aux couleurs ravivées. Cette description vous paraît stupide peut être, alors regardez bien les publicités par exemple télévisées, arrêtez-vous y, réfléchissez sur ce qui vous a temporairement donné un sentiment de bonheur, une émotion de joie, une pensée de bien être. Ce n’est pas toujours facile à décrypter, car tout se mélange : les superbes images, la belle musique connue qui reprend en vous des émotions passées que vous allez en partie au moins mettre sur le produit présenté, l’évocation d’une vie heureuse...

En fait, vu la puissance du message publicitaire, il est infiniment dommageable que l’état ne s’en serve pas pour éduquer les français, qui en ont grandement besoin. On pourrait passer des messages expliquant qu’on doit laisser descendre les gens avant de monter dans les bus ou métros ; qu’il ne faut pas jeter des détritus par terre ; que le tri collectif des ordures est nécessaire et bienfaisant ; qu’en se traitant d’enculé (mot fréquent chez les jeunes, et qui signifie désormais, entre amis, qu’on s’aime bien !) on ne se grandit pas... un pourcentage obligatoire du chiffre d’affaires des budgets publicitaires pourrait y aider, même si les prélèvements sociaux sont déjà conséquents, et qu’en finale c’est le public qui paierait via l’achat de ses produits.

La société capitaliste n’existe que pour autant qu’on achète sans cesse des produits, souvent inutiles, remplaçant avant besoin nos produits utilisés, en acquérant d’autres tout à fait inutiles, parce qu’il y a un bouton de plus, une couleur, ou une simple marque. Par exemple mes enfants seraient exclus de leur groupe d’amis s’ils ne portaient pas telle marque de vêtements, quelle que soit leur solidité ou coté pratique. C’est à la fois amusant et triste de voir tous ces jeunes censés refuser la société, notamment de consommation, avec leurs vêtements à trous, tachés (mais qu’ils achètent souvent déjà troués et/ou tachés, comble du délire), pantalons qui leur tombent aux pieds, mais vêtements de telle marque connue du moment.

Ce n’est donc plus tellement sur les jeunes seulement qu’il faut compter pour sortir de l’aberration économique capitaliste, mais sur l’ensemble du peuple, de son pouvoir de réflexion. Le capitalisme n’est pas mauvais en soi, mais peut être infiniment meilleur s’il est appliqué d’abord pour le bonheur des gens, et non pour faire sans cesse circuler davantage d’argent, au profit de quelques uns, phagocytant les moyens de production à créer sans cesse plus de produits inutiles à la courte vie.

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