10/01/2007

Jusqu’où le début de la vie doit-il être protégé ?

L’euthanasie à la naissance, plus encore que celle voulue pour d’intolérables souffrances répétées durant des dizaines d’années parfois, suscite réprobation, réactions exacerbées et scandalisées. Notamment des autorités religieuses évidemment, mais également de celles supposées athées.

Pourquoi tuer un être à la naissance ou avant ? Pour des raisons médicales me semble un argument imparable : permettre à un être malformé de venir au monde est lui détruire ou gâcher une bonne partie de sa vie, mais également à ses parents comme à l’ensemble de la société. Il risque fort peu d’être heureux, coûtera fort cher à la société.

Ceux désirant à toute force protéger la vie arguent du fait que la nature ou Dieu (selon la croyance) ont voulu créer cet être, et qu’il faut donc le laisser venir, et mieux encore, tout faire pour lui permettre d’exister. C’est la lourde charge du corps médical, puisqu’à 99 % les naissances, du moins dans les pays occidentaux, se font en hôpital ou clinique.

Jusqu’où la vie doit-elle être protégée ? Prématurés de six mois et moins, malformés opérés dès la naissance ou même avant dans le ventre de la mère, trisomiques.. Si les parents ne veulent pas d’avortement, l’enfant vivra, et ce ne sera pas forcément une bonne chose. Le rôle de la sélection naturelle est en partie de faire disparaître tous les futurs enfants malformés, beaucoup des fausses couches en résulteraient. De tout temps, si cela n’a pas été fait avant la naissance, les êtres présentant des problèmes physiques ou psychiques disparaissent très vite selon les aléas de l’existence. C’est évident pour les animaux : celui ayant une patte en moins était immédiatement mangé par les fauves, ou si fauve lui même, était rapidement mis sur la touche par ses pairs, et mourait seul le plus souvent. Les sociétés humaines n’étaient pas meilleures : les estropiés vivaient dans la fange des reclus, et ne faisaient pas de vieux os.

La société a changé, on protège les malformés de naissance ou suite à accident ou maladie. On les fait même naître s’ils viennent sans membres, comme cette peintre célèbre, qui a même fait un enfant, porteur de membres. Cette femme paraît heureuse, et n’apprécierait certainement pas que j’écrive qu’il aurait fallu l’éliminer dans le ventre de sa mère, puisqu’elle devait naître sans membres.

Pourtant, à trop vouloir protéger, ne pas décider de laisser faire la nature, à désirer faire valoir les extraordinaires science et technique humaines, on laisse passer les mauvais gênes que la nature aurait éliminés. Si je dis qu’il ne faut pas laisser procréer les personnes certaines de transmettre des gènes très défectueux (hémophilie par exemple), on me rapprochera des thèses d’Hitler. Cela ne dispense pas d’une saine réflexion sur le sujet.

Mais comment peut-on donc vouloir éliminer une vie juste en train de naître ? Sur ce point, les tenants du tout religieux n’ont pas tort de considérer que tuer à la naissance est équivalent à tuer dans le ventre de la mère par avortement, voire même refuser la nidification utérine de l’œuf humain via le stérilet, car là aussi un être est en formation, et c’est le tuer que de l’empêcher de continuer sa vie.

Reste à savoir où commence un être humain ? On pourrait à la limite considérer qu’évacuer du sperme (masturbation ou rapport sexuel protégé) est envoyer des êtres possibles à la mort, même si un être n’est alors pas viable sans rencontre de l’ovule. C’est un pas que les autorités religieuses font sans hésitation, puisqu’ils interdisent la masturbation. La nature envoyant à chaque éjaculation mâle des millions de spermatozoïdes à la mort, permettant au mieux à un seul de féconder l’ovule, la nature est alors condamnable. On arrive au délire, mais il faut constater que les plus ultra des religieux s’y baignent, remarquant par là que la nature est devenue mauvaise à l’homme depuis le péché originel (vous savez, la pomme « catholique » que Eve, la femme damnée a proposée au pauvre Adam…

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