09/01/2007

Le Bien et le Mal ont-ils une réelle signification ?

Il paraît que chacun d’entre nous possède de façon innée la notion du bien et du mal. Partant, les adeptes religieux vous envoient en tout bien / tout honneur en enfer si vous n’avez pas suivi les préceptes de leur croyance, mais c’est également le fait de la justice civile qui peut vous faire croupir le restant de vos jours en prison pour un méfait commis. Ceci est un peu atténué par les circonstances atténuantes pouvant être concédées, à moins qu’on ne vous considère fou au moment des faits.

Qu’en est-il de cette étincelle divine, de ce petit quelque chose qui toujours vous dit ce qu’il est bon et bien de faire au sein de votre société ?

Si on croit au surnaturel, il est naturel de croire que Dieu nous a donné la liberté de toujours choisir la juste voie. C’est ici affaire de foi, et il est donc inutile d’en discuter. Cependant, le nombre étonnant de religions rend bien difficile de choisir ce bon chemin, car il peut considérablement varier selon le pays, l’époque, la culture...

Pour celles et ceux désirant aller plus loin dans la voie de la réflexion, qu’ils soient ou non croyants, voyons :
il est naturel pour la société d’avoir voulu créer un système de valeurs, tout à la fois pour protéger les puissants, les faire respecter, au besoin adorer (le roi de droit divin par exemple, le pape...), mais aussi maintenir un minimum de cohésion de la dite société.

Alors qu’en est-il de la punition des conduite déviante éventuelle des gens ? Que doit-on faire par rapport à ce qui est fait actuellement ?

Si on s’en tient à un méfait commis, plus ou moins grave, on peut dire qu’il aura été commis sous la passion (amoureuse, folie, énervement..) ou l’intérêt (argent, pouvoir, gloire...). C’est à dire que c’est obligatoirement la personnalité de l’individu qui l’a poussé à commettre son acte. Or, sa personnalité vient de deux choses : hérédité, éducation. La première, il n’y peut strictement rien. Si des gènes le portent à la violence, l’imbécillité, l’irresponsabilité : que peut-il bien y faire ? Oui, d’accord, l’éducation pourra peut être y remédier... ou empirer les choses.

L’éducation explique aussi la formation de toute personnalité : tout ce qui nous a éduqué au sens large : parents, famille, école, institutions, mais aussi le vent qui souffle et nous a fait réfugier sous un porche, nous permettant de philosopher ou rencontrer l’âme sœur. En quoi l’individu est-il responsable du caractère de ses parents, de sa famille, des gens qu’il aura rencontrés ou endurés au sein des institutions, ou de la force du vent qui soufflait ? En rien. Alors vous me dites : oui, mais l’ensemble de sa personnalité lui permet de réfléchir à la notion de bien et de mal, et de s’y soumettre. Vous avez entièrement raison. A ceci près, que ce pouvoir de réflexion est tout relatif : fonction de ce qu’il aura vécu, et de son génome. La distinction est d’importance : sa liberté de jugement n’est nullement absolue, mais très et toute relative.

Exemples :
un musulman croyant peut parfaitement et honnêtement considérer comme juste de châtier l’inconduite de sa femme, jusqu’à la tuer. Son pays (Arabie Saoudite, Afghanistan...) le lui permet. En France, il ferait beaucoup de prison pour cela.
Un noir africain excise sa fille, ce qui non seulement risque de lui ôter tout plaisir sexuel, mais aussi la conduire à la mort par septicémie, ou choc « opératoire ». Même punition que ci-dessus s’il le fait en France.
Bush envoie à la mort 3.000 marines dans la guerre d’Irak, croisade pieuse contre le terrorisme, en est encensé par toute sa nation (du moins au début). Tant qu’à faire, il tue des dizaines de milliers d’irakiens. Inutile de vous dire ce qu’en pense désormais presque tout irakien.

A noter que ces exemples ne sont pas extrêmes dans le monde, loin de là. Je pourrais vous en donner d’autres, très courants, plus proches de nous :
une petite frappe d’un quartier tue un adolescent qui l’aura mal regardée, ou lui aura fait honte devant ses amis.
Un autre brûle vive son ex amie qui lui aura refusé la poursuite de leur relation : il sera acclamé par ses amis.

Mais tous ces exemples ne témoignent que d’une différence de culture et de ressenti. Ils nous éloignent du sujet, mais j’ai voulu les laisser là pour vous montrer comme il est dur de traiter correctement ce sujet.
En fait, nous sommes tous les jouets de cette double composante : hérédité et éducation. Certains d’entre nous deviennent président (pas beaucoup), d’autres balayeurs, ou chômeurs, ou cadres, ou dirigeants, ou rentiers... heureux ou pas, ou peu, qu’importe.

Ceux en haut de l’échelle sociale sont prompts à se considérer comme les uniques responsables de leur bonne fortune, méprisant ceux du dessous, en abusant le plus souvent pour garder leur fortune à coup de lois dominatrices, bas salaires, faible redistribution de la richesse nationale.

En réalité, leur bonne position vient purement du hasard : de celui de la naissance, puis de celui de l’éducation. Le premier conditionne tout de même le second : peu de chance d’avoir une mauvaise culture et une mauvaise éducation si l’on vient d’un milieu très aisé. Il en va exactement à l’opposée pour celui en bas de la société. Souvent tout s’est ligué contre lui. Pas forcément les outrages de l’hérédité, mais sûrement la faible culture, peu d’argent dans la famille, et vous pouvez en rajouter dans le mauvais si vous le désirez.

Quant bien même l’individu venant d’un bon milieu, se serait mis à boire, battre son conjoint, voler, ne pas travailler, dilapider son capital hérité de ses parents... ne lui jetons pas la pierre, regardons au plus près les arcanes de son psychisme, et comprenons que nous avons bien eu de la chance de ne pas en passer par là.

Au nom de quoi peut-on décider qu’un être humain doit être enfermé toute ou partie de sa vie en prison ? Il a commis un méfait, plus ou moins grave, engendré une dose de souffrance, parfois à vie pour ses victimes et leur entourage. Doit-il être puni ? Certainement ne doit-on pas laisser des mauvaises choses se faire sans réagir, ni les laisser se répéter possiblement : mais la prison est-elle d’un secours quelconque en la matière ?

Si la personne cède à une pulsion sexuelle pour commettre son crime, il faudra le rééduquer, l’emprisonner le temps de nettoyer le mieux son esprit, au besoin détruire certains de ses neurones pour les cas jugés les plus graves et surtout non réparables, ce qui est évidemment sujet à caution, mais sans doute mieux que de croupir toute sa vie en prison. Pour les criminels, si la demi folie, la passion explique leur crime, même traitement que ci-dessus.

Si l’argent est l’intérêt du malfrat, comme souvent, il est plus difficile de réagir pour la société. Je dirais bien qu’il « suffit » que le niveau des biens et salaires soit plus étale, mais cela risque bien de ne jamais se faire, et de toutes façons on aura toujours des gens désirant en avoir plus que les autres et rapidement. Je n’ai pas là de réponse « simple ». Le besoin d’argent excessif témoigne à mon sens d’abord d’une incompréhension du véritable intérêt de la vie, qui ne réside pas dans la consommation effrénée ne donnant du bonheur que son apparence. Mais il faudrait changer de type de société pour inculquer cela aux gens. Il faudrait donc changer le rapport à l’argent, sur lequel tournent toutes les activités humaines actuelles. Vœu pieux. Mais même là je doute que la prison soit efficace. Plutôt une rééducation de la personnalité, un bien être matériel minimum assuré, un peu de prison le temps de faire tout ça.

Ce qui est sûr est que la prison ne sert pas à grand chose, plutôt à rien. Les malfrats s’y encanaillent davantage, y apprennent la haine autant envers eux mêmes que contre la société. Moralement elle est indéfendable, et coûte financièrement très chère. Des solutions alternatives existent déjà : travaux d’intérêt général, liberté conditionnelle avec bracelet électronique, voire une puce mise sous la peau bientôt ; d’autres pourraient voir le jour : il suffit d’un peu d’imagination, de respect de la personne humaine dans son inégalité de traitement à la fois par la nature (génome) et la société (éducation). La répression ne sert que si elle est accompagnée de mesures sur le fond, ce qui ne se fait jamais.

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