30/01/2007

Sclérose des tenants du libéralisme comme du socialisme

On sépare toujours les tenants du libéralisme de ceux du socialisme, sans considérer qu’on peut prendre de bonnes choses dans les deux théories. Mais ce ne sont en effet que des théories, comme l’a abondamment montrée l’alternance socialiste de 1981. Mitterrand a opéré les restructurations de grandes industries minières, notamment, que jamais la droite n’a pu ni voulu opérer.

La bourse s’est envolée pendant son règne, au grand plaisir des financiers, qui ne faisaient pas partie traditionnellement de ses plus fidèles supporteurs. Par contre il a voulu résoudre en partie le problème du chômage en embauchant à tour de bras dans certaines entreprises publiques telles que les PTT de l’époque, qui avaient déjà un personnel surnuméraire. Cela donna un résultat catastrophique, où les employés des années 80 se battaient pour ne pas faire le travail, alors que souvent ils étaient deux fois trop nombreux pour l’exécuter normalement.

Une fois ces entreprises en partie privatisées (de statut, ou de fait), on les dégraissa en personnel, fort heureusement, car leur compétitivité, et même efficacité, était obérée du fait de ce personnel excédentaire, coûteux (75 % des charges des PTT de l’époque), trublion de surcroît (car lorsqu’on ne travaille pas, on désire mettre la pagaille, histoire de s’occuper, discutant de façon excessive de tout ce qui fait une entreprise).

L’embauche volontariste dans les entreprises publiques ne sauraient résoudre le problème du chômage. Elles ne réussissent pas non plus à garantir le travail bien fait, en faveur de tous les français. A répétition, les conflits sociaux interviennent, comme à Air France (antérieurement) ou à la SNCF, salariés ne faisant pas partie des plus mal lotis. La RATP, entreprise quasi publique de fait, prend régulièrement tous les usagers en otage, se garantissant au passage de confortables conditions de travail, et salaires qui n’ont rien à voir avec leur qualification ni leur quantité de travail effectué, bien au contraire, puisque par exemple ils bénéficient de la retraite à 55 ans ou avant.

A EDF/GDF, le comité d’entreprise bénéficie pour les salariés et leur famille de 1 % du chiffre d’affaires, mesure décidée lorsque le prix de l’énergie était faible. Celui-ci ayant grimpé dans les nuages, le 1 % devient une véritable manne pour ce CE. Aucun gouvernement n’a osé s’attaquer à cette gabegie, chèrement payée par tous les français, hors les salariés d’EDF qui ne payent pas leur énergie au même tarif que les autres.

En fait, l’oligopole, qu’il soit privé ou public, aboutit au gâchis, fainéantise, fermeture des innovations. L’esprit d’entreprise n’est stimulé que lorsqu’on le force. Ainsi, très étonnamment, les entreprises ont trouvé une nouvelle organisation de travail à l’occasion de la mise en place des 35 heures. Or, l’objectif d’une entreprise est bien de maximiser ses bénéfices : pourquoi donc ne l’ont-elles pas fait avant ?

L’exemple de la poste est très caractéristique aussi là dessus. Voyez toutes ces files d’attente incroyables, dignes de dégoûter tout client normal d’y entrer, à moins qu’il n’y soit forcé. Forcé, il l’était, car l’état avait octroyé de manière exclusive à cette entreprise le marché du courrier lettres notamment. L’Europe a forcé la France de faire autrement à l’aide d’une directive : il était grand temps. La Poste s’est donc mise à mieux rentabiliser son personnel, ainsi que ses manières préhistoriques de travailler, négociant avec l’état des moindres contraintes. Il reste beaucoup à faire.

Beaucoup d’autres pithécanthropes des professions privées ou publiques se remarquent : leCNRS, où l’avancement se fait avec l’âge, et non pas la compétence ; tout l’enseignement, où les professeurs incapables, faignants, incompétents, sont pareillement rétribués que leurs collègues efficaces, sans qu’on puisse nullement de fait les virer, alors que n’importe quel pauvre employé de fast food se voit mis à la rue à la moindre incartade.

La concurrence est nécessaire, aussi bien au sein de l’entreprise, que pour les entreprises entre elles, pour faire avancer plus rapidement et efficacement le progrès social, économique, scientifique, technique. Par contre, s’il ne faut pas hésiter à donner aux sociétés le droit de mettre à la porte un employé ne remplissant pas efficacement ses fonctions, l’état ne doit pas le mettre sous les ponts. Il existe pour chacun une place dans la nation, dans chaque nation.

L’argent ne doit pas être une fin en soi, pour que quelques uns collectent ce que ramène le plus grand nombre. Il faut protéger le travailleur, mais pas au détriment de tous ceux n’ayant pas tiré le bon métier à la loterie de la vie, notamment professionnelle. Il faut protéger ceux n’ayant pas eu la même chance que celui du haut de l’échelle. Mais protéger n’est pas scléroser, ni les êtres qui ne sont pas à leur place au détriment de tous, ni les entreprises, au nom de la stabilité sociale imbécile, qui n’aboutit qu’au pourrissement d’une situation.

A l’heure de la concurrence internationale féroce, en attendant que le partage planétaire du travail termine le début récent de sa mise en place, l’efficacité doit être reine, mais dans la solidarité. Une société au service de ses ressortissants, c’est à dire de l’être humain, et non pas pour une entité telle que l’argent, qui perd son utilité de moyen pour devenir une fin qui ne rend personne heureux. L’excès d’argent pour certains ne produit que luxure, inutilité de vie, égoïsme, peur d’autrui...

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