30/01/2007

La lente et inexorable dégradation du comportement collectif

Les petites frappes n’ont rien à perdre ; comme beaucoup de jeunes, l’avenir pour eux ne veut pas dire grand chose, d’autant plus qu’ils sont pour la quasi totalité en échec scolaire, si même ils vont encore à leur lieu d’études. Leur famille vit chichement d’emplois précaires, ou d’allocations diverses, eux mêmes vivent de drogue, de marchandises volées avec ou sans violence, par eux ou leurs amis, tout cela leur apporte infiniment plus que n'importe quel travail qu’ils pourraient avoir.

Leur famille ascendante a en général peu ou pas de poids coercitif et encore moins affectif sur eux, et ils n’ont cure de l’opprobre qui pourrait leur advenir par une descente de police, une éventuelle incarcération ou mise au tribunal. Pire, un séjour en prison est pour eux une bonne marque sociale auprès de leurs congénères, leur faisant acquérir ou conforter un bon statut, valeur incomparable de ce microcosme, pourrissant la vie au plus grand nombre des français.

Ils n’ont pour la plupart pas créé de famille, ont un conjoint ou une conjointe dont ils se soucient peu, ne pouvant tisser de véritable lien affectif, n’appréciant l’amour que pour le sexe, et non pour sa véritable essence. Tout l’argent, parfois considérable, qu’ils peuvent tirer ou soutirer plutôt de la société va en pseudos plaisirs partant en fumée : belles voitures tôt cassées ou changées, vêtements de marque, drogue, boites de nuit, alcool… rien en tout cas qui les engagerait dans une réelle construction, comme d’acheter un logement, créer un commerce légal par exemple.

Tout cela pour dire qu’ils n’ont véritablement rien à perdre selon les normes de la société. Si d’aventure ils peuvent être passés à tabac dans quelques commissariat, la bonne société a tôt fait de fustiger, condamner les bourreaux.

Les petites frappes peuvent, elles, en faire autant en arrachant les téléphones portables, les sacs des vieilles dames, ruiner des vies entières par la violence, le vol, cambriolage, racket, viol, meurtre, menaces, insultes quotidiennes parfois. La racaille n’en supportant généralement aucune conséquence le plus souvent parce qu’on ne les trouve pas, ou que les victimes, décidément informées du fonctionnement curieux de la société, ont peur de se plaindre.

Sitôt placées face à leur tourmenteur, violeur, agresseur, de suite mis en liberté provisoire, conditionnelle, pour bonne conduite, en attente d’être présenté au tribunal, relaxé faute de preuve. Ou bénéficiant d’un classement sans suite, du fait de l’engorgement soigneusement entretenu des tribunaux. Si d’aventure les petites frappes sont jugées, elles écopent de quelques mois ou années de prison suite le plus souvent à de multiples forfaits demeurés impunis. Pas de quoi les en décourager, tandis que les victimes sont souvent traumatisées pour toute leur vie par ce qu’elles on subi.

Alors que faire devant ce triste constat ? Certes, on peut augmenter la répression, mais cela seul ne fait qu’accentuer le sentiment réel qu’ont les petites frappes de la violence et de l’injustice de la société à leur égard. Cela ne suffit pas. Il faut que les petites frappes puissent réellement regretter leur incarcération, mise à l’index du jeu social, de l’infamie les marquant.

Pour ça, il faut leur donner un réel statut social, autrement que par d’éventuels emplois précaires, entre deux périodes de chômage, peu payés, les forçant à vivre dans d’infâmes taudis, les envoyant au moindre faux pas volontaire ou pas, sous les ponts ou dans la criminalité, plus sûr moyen de s’en sortir finalement. La richesse française doit être partagée, alors que les 10 % les plus riches de la société se partagent 80 % du patrimoine, et donc les 20 % restants partagés par 90 % des français, cette dernière couche ayant en son sein à nouveau de considérables différences de niveau et qualité de vie.

On ne peut plus continuer à croiser un mendiant, se détourner de celui dormant par terre sans couverture dehors en plein hiver en se disant qu’on n’y peut rien. On a l’impression d’heureusement y échapper, mais c’est toute la qualité de vie de l’ensemble des français qui en souffre. On profite de son argent, de ses biens. Tant mieux pour moi, tant pis pour les autres. On a ce qu’on mérite dans la vie, que ce soit par héritage (mérite de toute une lignée), de son travail (mérite personnel), de son intelligence (mérite éducatif et génétique), ou par la chance (j’étais là au bon moment, j’ai su saisir ma chance).

Pourtant, à quoi bon avoir plein d’argent si on doit se cadenasser chez soi pour en profiter, craindre l’agression au dehors, vivre parfois dans un bunker comme il s’en crée de plus en plus dans ces zones résidentielles fermées avec gardien et presque miradors, réseau de caméras de surveillance pour interdire ou essayer d’interdire toute intrusion. Mais que fera t-on lorsque ces zones, provoquant exaspération et jalousie, seront attaquées par de véritables commandos venus des bas fonds de la société ?

Vue de l’esprit ? Voyez ce qui se passe dans les autres pays, comme la Colombie, où les enlèvements contre rançon sont monnaie courante, où tous ceux ayant à craindre pour leur vie sont armés et suivis de garde du corps ? C’est un autre pays ? Impossible en France ? Pourtant, c’est déjà ce qui se passe en Corse par exemple, pour bien des personnes menacées contre leur vie, parce qu’ils parlent, parce qu’ils refusent de payer les mafias, parce qu’ils sont étrangers, « étrangers » à la Corse.

La folie est humaine, s’étendant librement avec la misère. Vous, n’avez-vous jamais été tenté de vous battre, de tuer ? Non ? Moi, si. Ce qui m’a retenu, c’est tout ce que je perdrai logement, mes enfants, mon emploi, mes biens, ma liberté. Mais si je n’avais rien, par quoi aurais-je été retenu ? Par ma morale ? Mais si je n'en avais guère, ou que tous les exemples autour de moi relevaient de la misère : alcoolisme, ou autres drogues, chômage, sous logement... ouvrez les yeux. Si vous ne voulez pas que la misère morale vous atteigne, vous et vos proches, partagez au niveau de la nation, de la planète.

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