15/01/2007

Difficultés de logement : entre l’état démissionnaire et le propriétaire sans protection réelle

En France, se loger n’est jamais facile. Non seulement, il faut un salaire, mais un bon salaire, et cela ne suffit pas encore : sans même parler de la forte caution à verser, il faut trouver un garant, même si on est en CDI. C’est que les propriétaires veulent être sûrs d’encaisser leurs loyers.

Le problème est double : si le locataire est malhonnête, une fois les lieux occupés, il lui sera très facile d’y rester sans payer le loyer. Pour bloquer une procédure, il lui suffira de payer un ou deux loyers en retard, puis de s’arrêter. Si l’on est dans les mois d’hiver, il peut ne rien payer durant six mois, assuré de ne pouvoir être expulsé. S’il est vieux, handicapé... impossible de l’expulser. D’artifice de procédure en paiement partiel ponctuel, il peut ainsi rester durant des années dans son logement sans rien payer.

Si le locataire est honnête, mais ne peut plus payer, il est certain que dans la majorité des cas il préférera rester dans sa location même s’il ne peut la payer, plutôt que de se retrouver à la rue. Les tribunaux lui donneront des délais pour payer, et le résultat sera le même.
Et si le locataire décide de tout casser dans son logement, il sera judiciairement responsable, mais il lui suffira de partir sans laisser d’adresse pour ne pas être inquiété par son forfait, étant resté bien sûr le plus longtemps possible dans les lieux sans rien payer. La justice ne sera pas tenue de suivre sa trace via les impôts ou autre, et la police aura d’autres chats à fouetter.

Voilà pourquoi les propriétaires louent de moins en moins leurs logements, et les font payer de plus en plus chers, non seulement pour profiter de l’aubaine de leur raréfaction sur le marché, mais aussi pour compenser le fort risque qu’ils prennent. Encore n’ont-ils pas trop à se plaindre, car dans d’autres pays, comme les pays scandinaves, l’expulsion du locataire est impossible, à moins de lui trouver un autre logement !


Du coté du locataire, avoir un salaire stable et conséquent relève de la quadrature du cercle en ces temps de chômage durable, de dictature de fait du patronat, nous faisant progressivement revenir aux tristes temps anciens.
Pourtant, le droit au logement, comme l’actualité du moment l’atteste, devrait être de fait. On en est loin. Le temps de déplacement journalier travail/logement est de plus en plus long, et les ghettos de fait sont de plus en plus nombreux, avec ces cités délabrées, de non droit, dont personne ne veut, mais où tout le monde doit rester faute de pouvoir aller ailleurs.

La solution est en fait très simple : l’état doit garantir le logement, c’est à dire garantir aux personnes d’avoir un toit, et aux propriétaires le paiement des loyers, quelle que soit le problème de paiement du locataire. Celui-ci y regarderait à deux fois avant d’être malhonnête, s’il y a lieu ; sinon, on ne voit pas pourquoi le problème de solvabilité de quelques locataires devrait retomber, comme en une mauvaise loterie, sur quelques propriétaires seulement. C’est l’ensemble de la société qui doit permettre à chacun de trouver un logement, à l’état, donc à tout le monde, d’assurer le paiement des loyers, et de régler par voie judiciaire ou d’aide financière le cas de ceux ne pouvant les régler.

On objectera que ce n’est pas à l’état d’assurer le profit de quelques uns, mais c’est bien l’état qui oblige le propriétaire à garder leurs locataires ne payant pas les loyers. Le résultat est attristant : les bailleurs hésitent toujours davantage à donner leur logement en location.
C’est ainsi qu’on fait le malheur de tout le monde, à force, comme d’habitude, de ne jamais vouloir donner de vraie solution aux vrais problèmes.

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