08/01/2007

Puissance et finalité des entreprises

De rachat en fusion, les entreprises gagnent en gigantisme, et il est désormais difficile de déterminer leur nationalité lorsque (par exemple) les actionnaires sont de tous pays, les dirigeants allemands, les salariés des pays pauvres de plus en plus souvent, le siège social là où l’on paye le moins d’impôts, et qu’on y parle anglais de plus en plus.

On est passé de l’entreprise patriarcale à celle privilégiant l’argent pour l’argent. En fait, ceci n’est pas vrai, car de tout temps les patrons ont d’abord et essentiellement rempli leur porte monnaie avant d’en faire petitement profiter leurs salariés. Par contre la compétition s’internationalise, et l’on a vu apparaître des sociétés faisant de confortables bénéfices et qui néanmoins licencient leurs salariés, délocalisent dans les pays à faible coût de main d’œuvre et/ou peu imposés.

On ne peut pas dire que l’argent profite davantage à peu de gens, sauf sur une courte période (ces dernières dizaines d’années), car auparavant (quelques siècles en arrière) le système de servage, de royauté, faisait vivre les gens dans la boue, et les dirigeants dans les palais. A l’évidence maintenant, il y a suffisamment d’argent pour faire correctement vivre tous les humains, mais cela ne se produit dans pratiquement aucun pays. Notre démocratie planétaire, les USA, ne fait pas du tout mieux : peut être bien que leurs clochards ont de bonnes chaussures de tennis, mais ils mangent tout de même dans les poubelles : belle leçon d’économie ultralibérale.

Les entreprises n’ont plus le rôle de construction du pays, ni de rendre leurs salariés heureux, encore moins leurs clients. Elles n’ont plus comme unique fonction de faire le maximum de profit, mais au profit du moins de personnes possible : en général : dirigeants et actionnaires. Les salariés sont considérés comme des pions, sous humains tout juste bons à être pressés au maximum, jetés dès que supposés inutiles pour la meilleure marche possible de l’entreprise. Cet idéal d’argent est fait au sein de la seule idéologie rescapée de la planète, ayant fait ses preuves économiques, voire politiques : le libéralisme capitaliste (caca, pipi, capitaliste).

Les usines créent des biens à durée de vie minimale, afin d’en assurer le remplacement le plus vite possible, quant bien même seraitn-ils encore parfaitement performants et utiles. Le problème est que la qualité des matériaux s’améliore sans cesse, de même les nombreux composants électroniques remplaçant tous les mécanismes cassables. Fort heureusment la publicité est là pour vendre les produits, créer le besoin d’achat et de remplacement bien avant que cela ne s’impose. Le chômage et la précarité paupérisent les acheteurs potentiels, mais le gigantisme des entreprises permet de réduire les prix de vente, et ôte une bonne partie de la concurrence, permet d’atteindre beaucoup plus d’acheteurs potentiels.

Songeons qu’une entreprise comme Carrefour ouvre une centaine d’hypermarchés par année dans le monde, les rentabilise au plus tard dans les trois ans : c’est dire la puissance de telles entités. Imaginez-vous acheter un logement tous les trois ans ? Ou cent par an ?
La nationalité des entreprises est désormais dure à appréhender, mais aussi la discipline qu’on peut leur imposer. Par exemple quel poids peut-on avoir sur Western Union, leader mondial des transferts d'argent en espèces, qui déclarait en 2005 plus de 3 milliards de dollars de bénéfices, 25 milliards de dollars de flux ayant transité entre les pays riches et les pays pauvres par son intermédiaire -l'équivalent du produit intérieur brut de la Tunisie ? On peut toujours faire des lois, réglements, interdire tout ou partie de leur activité. Il faudra alors contrer leur armée d’avocats, ce qui n’est jamais simple, même à l’échelle d’un pays, et, arme suprême, la grande entreprise pourra boycotter tel ou tel produit national, telle activité, et le pays pourra s’en trouver fort marri.

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