30/01/2007

Qu’est-ce que l’Amour ?

Qu’est-ce que l’amour ? Vous le savez vous ? Moi, j’aime ma compagne, j’aime mes enfants, mais je ne sais pas ce qu’est l’amour. C’est un mot facile, un raccourci, qui peut faire soulever des montagnes ou presque, faire des choses terribles, ou très belles.

En premier lieu, il faut remarquer que non seulement l’amour n’est pas propre à l’espèce humaine, mais qu’il est partagé par toute espèce vivante, sans exception. Il s’agit là de l’amour physique, mais on peut se demander si deux poissons frayant ensemble n’éprouvent entre eux qu’une envie physique, un instinct.

Ce qui est sûr est que nous sommes beaucoup, ou tous, gouvernés par nos instincts : sexuel, maternel notamment. Pour aimer nous pouvons tuer un rival, ou nous précipiter sans guère ou du tout réfléchir sous les roues d’un véhicule pour tenter de sauver notre enfant.

Nous le voyons bien dans l’exemple des saumons qui, adultes, reviennent dans le ruisseau de leur enfance, bravant des milliers de kilomètres de mer, puis d’eau douce à laquelle ils doivent à nouveau s’adapter, pour finalement faire l’amour dans quelques centimètres d’eau, s’ils n’y arrivent jamais, vu le grand nombre d’obstacles sur le trajet.

En cours de route, ils ont changé de morphologie : vivant sur leurs réserves de graisse, ils n’ont plus de bouche capable de les nourrir, ils ne doivent désormais plus vivre que pour se reproduire puis... mourir. Cet instinct de vie, de mort pour eux, est stupéfiant, et nous concerne tous, derrière notre vernis d’être humain.

Nos hormones sexuelles font la pluie et le beau temps sur notre agressivité, réceptivité et désir de faire l’amour, pour trouver un partenaire, que nous cherchons en paradant tout comme les animaux : vêtements, belles voitures, allure générale, muscles, coiffure... mais sont aussi efficaces les phéromones que nous envoyons au sexe opposé pour l’attirer, le retenir. Des études semblent montrer que nous cherchons le partenaire sexuel le plus différent génétiquement de nous, sans même nous en apercevoir. C’est dicté par notre organisme, nos gènes qui nous gouvernent bien plus que nous pensons. L’amour physique est une des plus belles expériences que l’être humain puisse faire à deux.

L’amour maternel, paternel dont on parle moins, est sans doute également dicté par l’instinct, toute une évolution de la nature ayant donné ce même désir de protection et d’éducation à sa progéniture. Cela vous paraît normal d’aimer vos enfants, et pourtant...

Revenons au monde animal moins susceptible de perturber tout le bien que l’on pense de nous, êtres humains. Constatons qu’il est raisonnablement aberrant pour un lionne par exemple de défendre son petit parfois contre sa vie, alors que deux ans plus tard elle va le rejeter, qu’elle a l’habitude de tuer pour vivre, pour défendre son territoire... Même chose pour un poisson qui ne se contente pas toujours de disséminer sa semence dans la mer, mais qui offre parfois même la protection de sa bouche pour ses alevins contre les prédateurs.

Tout cela posé, on peut constater que l’humain a greffé là dessus une couche d’amour dit désincarné, dont la réalité me laisse fortement dubitatif. On aimerait l’autre, enfant ou amant, par pur sentiment, sans que rien n’attache à la basse réalité terrestre. Vous savez bien que c’est largement ou totalement faux.

Les unions durables (c’est à dire autre chose que quelques semaines ou mois) se font essentiellement entre amants de même niveau social, intellectuel, économique, relationnel. Il est bien rare de voir un ouvrier fréquenter une cheffe d’entreprise, ou un avocat s’unir avec sa femme de ménage. De même, un handicapé physique ou moteur aura bien des problèmes pour trouver un être valide pour s’intéresser à lui ou à elle. Celui ou celle très laid (e) aura peu de chance de trouver un amour au beau physique autrement qu’en rêve. Je suis sûr que vous avez des exemples contredisant cela, mais ils sont loin d’être habituels.

Ces exemples s’expliquent le plus souvent par d’autres qualités de charme, d’intelligence... ou d’argent, qui rendent l’autre aimable au sens propre du terme. Mais bravo si vous avez vu quelqu’un de beau, intelligent, riche, en bonne santé, sain physiquement et moralement... aimer un conjoint laid, stupide, malade, plein de problèmes psychiques, pauvre...

On peut considérer comme normal d’aimer une personne de son niveau, car l’amour n’est pas déconnecté de la réalité, loin de là. Les instincts s’expriment, destinés à vous trouver l’être le plus fort pour vous donner le plus beau bébé possible. C’est le désir de la nature fouettant votre sang d’un bain d’hormones exigeantes. Mais si les muscles mâles et la plastique féminine font encore leurs effets, ils ne suffisent plus à assurer la pérennité d’un couple.

En fait, au sein de l’amour comme de l’amitié, ce qui crée des liens durables, ce sont les ressemblances, ou les compléments, mais au sein de grands rapprochements de personnalité. En effet, si l’un aime le cinéma, et l’autre en a horreur, ce n’est pas une catastrophe. Mais si tout est ainsi, l’union aura bien du mal à perdurer. L’amour est d’abord et avant tout fait de quotidien, et non pas de grandes idées ou d’une attirance folle, qui auront tôt fait de tomber au quotidien de la réalité, comme bien des passions.

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