11/12/2006

L’impossibilité de défendre ses enfants ou de se défendre soi même

Exemple vécu, un adolescent de 15/17 ans venant dans la cour d’école primaire avec son scooter, là où les enfants de 6 à 11 ans sortent du bâtiment scolaire. Certes, pour ce faire, il a dû franchir la grille ouverte pour laisser les gamins sortir. Tous les parents laissent faire avec une désapprobation silencieuse. Un adulte pourtant, sans doute un peu inconscient du risque, va voir le jeune homme juché sur sa monture pour lui demander gentiment de s’en aller.

Celui-ci le toise de toute sa haine, tutoyant sans vergogne ce qui pourrait être son père : « tu crois que je ne sais pas ce que je fais ? » et devant le mutisme de l’homme stupéfait par son comportement : « je t’emmerde, je t’emmerde ! », puis fait vrombir sa machine, va un peu plus loin, observe l’adulte toujours resté sans voix : « et alors, qu’est-ce que tu as ? », l’homme de répondre enfin : « mais quel irrespect, c’est incroyable.. », et le jeune de dire : « je t’encule, je t’encule, je t’encule » tout en partant enfin, face aux parents tous désarçonnés, et quelque peu énervés.

Vous croyez que nous sommes sur la planète Mars ? Que c’est là chose rarissime ? Mais bien sûr que non, c’est du quotidien, pas même de cité, proche des quartiers recelant de multiples individus déviants, dits en souffrance mentale. C’est pourquoi les adultes se taisent, et que ces adolescents en remettent constamment, sûrs de leur puissance. Continuons sur cet exemple : que pouvait faire l’homme ? Taper sur le jeune, quel outrage, il suffisait à l’autre de porter plainte pour qu’on l’emmène au commissariat de police ; que lui aille porter plainte ? C’est ce qu’il a fait, mais las, il ne connaissait pas le nom de l’adolescent ; il l’aurait connu d’ailleurs, qu’on se serait contenté de l’inscription de l’incident sur une main courante, non sans qu’il ait fait auparavant deux heures et demi de queue.

Donc l’homme est parti sans rien faire, fou furieux de son impuissance. Il avait bien conscience qu’il aurait dû répondre vertement au petit con, mais il a deux enfants en bas âge : qu’arriverait-il si on s’en prenait à eux, qu’y pourrait-il ? Aller voir les parents ? Allons donc !

D’ailleurs il l’avait fait, pour des incidents moins graves, des gosses qui obstinément tapaient sans raison sur les siens. Courageux, il se renseignait sur les noms, les adresses (non, non, l’école n’a pas le droit de donner les adresses, mais elle ne peut pas non plus régler tous les problèmes voyons !), et allait voir les familles. Après il fallait voir sur les boites aux lettres le nom, qui ne correspondait pas forcément à celui des enfants (ben oui, un fils d’immigré, avec quatre mères potentielles par exemple, toutes avec le même père dans le meilleur des cas, avec des enfants faisant parfois la navette entre le pays d’origine et la France, portant le même nom, mais n’ayant pas toujours la même tête, pour faciliter la continuation du versement des allocations familiales par exemple… tout cela ne facilitait pas sa recherche.

Alors, bien implanté dans le quartier, il interrogeait les voisins, les enfants traînant dans la rue, les gardiens d’immeubles. Un gamin dit : ah oui, Adon, ah oui je le connais, quand il est gentil, il ne me frappe pas. « Ah bon ! il te frappe, tu n’es donc pas un de ses amis ? » - Si, mais il frappe parfois même ses amis… l’homme décontenancé poursuit sa route, pourvu de maigres renseignements, qui lui permettent pourtant d’aller un peu plus loin. Il voit une gardienne des logements proches de celui du dit Adon. « La famille d’Adon ? oh la la, faites attention, ils sont dangereux, ont affaire régulièrement avec la police, un grand frère est en prison, un autre est habitué aux coups pendables, toute la famille ne vaut rien, c’est la pire du quartier.

Notre homme n’est pas un héros, mais il aime ses enfants, et malgré sa peur, il veut tout faire pour les aider, ne se résolvant pas à ce qu’ils se fassent frapper dans un lieu dédié à l’enseignement. Et puis il croit à ce que disent les gouvernants, la police : c’est aux gens de se prendre en charge, c’est eux qui constituent ce qu’on appelle la mentalité collective de tout un peuple ! Donc il arrive au logis, mais difficile de trouver le bon nom sur la boites aux lettres, rien ne correspond. Quelqu'un à une fenêtre, il en profite pour lui demander s’il connaît où est la famille d’Adon, on lui répond que précisément c’est là. Nul hasard là dedans, le téléphone arabe fait une fois encore ses preuves : on l’attendait.

Un homme noir passe justement dans la rue, dit : « ah bon, c’est là qu’habite Adon, alors je vais monter car il a frappé ma fille ! ». L’homme paraît très énervé, ils se suivent dans l’antre du loup, sont reçus par une femme et le grand frère sans doute ; la femme se présente comme la mère, mais en est peut être une autre, ou la grande sœur, c’est difficile de savoir. De suite, l’autre homme et la famille se prennent de bec, s’envoient des menaces au visage, et l’homme s’en va. Le premier homme qu’on a suivi, plus calme, plus malin, discute tranquillement, écoute, demande à ce que son enfant, victime d’un début de racket, soit respecté. La mère écoute, et on se quitte en bons termes. Le lendemain, Adon menace à nouveau son fils, l’homme va cette fois directement voir l’enfant d’une douzaine d’années à la sortie du collège.

Adon lui affirme que son fils lui a dit un tissu de mensonges, puis argue d’une violente douleur au ventre pour s’en aller rapidement, entouré de tous ses copains sans doute aussi racailles (ben oui : qui se ressemble s’assemble) que lui. L’homme fâché parle à la principale ayant vu la scène, et sortie pour voir ce qu’il en était. La chance est que cette femme est à poigne, responsable, n’entendant pas voir son établissement aller à vau l’eau. L’homme considère que ce qu’il a fait est mieux que rien : il a alerté la principale, la famille de la petite frappe, l’a même contacté directement, c’est à dire tissé autour de lui un réseau lui montrant qu’il ne s’attaquait pas à personne isolée, la victime rêvée ne pouvant faire appel à personne.

C’est pourquoi ceci, avec d’autres choses (par exemple l’homme a fait faire du rugby à son fils pour qu’il puisse vaincre sa peur ; la peur, base de toutes les victimisations) a permis à son fils d’être abrité de cet enfant, qui a néanmoins continué à déployer ses tristes talents sur d’autres gosses moins abrités, souvent n’osant même se plaindre à leur famille, parfois n’écoutant ou n’entendant de toutes façons pas leur enfant.

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