12/12/2006

Le déni de vie permanent du chômage

11ème alinéa du préambule de la constitution française : la république doit assurer à toute personne le droit à des moyens convenables d’existence qui, en raison de la situation économique se trouve dans l’incapacité de travailler. C’est beau les principes. Résultat : des millions de chômeurs en France depuis des dizaines d’années, souvent réduits au revenu minimum d’insertion d’environ 300 euros, même pas de quoi payer un loyer, et encore le RMI n’a t-il été institué que voici une quinzaine d’années.

Comme moyen convenable d’existence, on fait mieux. Et encore je n’évoque pas les milliers de personnes dormant dehors, au mieux avec un carton ou un sac de couchage, été comme hiver, ni tout ce dont vous pouvez être témoin un peu partout, dans votre quartier, dans les médias. Il y a loin de la théorie à la réalité. Les français s’en contentent, comme tous les peuples de la Terre. Tant mieux pour les bien lotis, tant pis pour tous les autres.

Pour les moins de 25 ans, l'alternance de courtes périodes de chômage et d'emplois à durée limitée est pratiquement devenue la règle et les difficultés d'insertion sont directement liées au niveau de qualification.
Il ne fait pas bon perdre son emploi à l'approche de la cinquantaine. Malgré la volonté réaffirmée du gouvernement d'inciter les entreprises à garder leurs salariés proches de l'âge de la retraite et de faire de l'emploi des seniors une cause nationale, les statistiques sont impitoyables.

A la fin juillet 2003, 366 500 personnes de 50 ans et plus étaient inscrites à l'ANPE - soit 2,7 % de plus qu'un an auparavant. C'est dans cette tranche d'âge que l'ancienneté moyenne au chômage est la plus longue, et que le risque de basculer dans le chômage de longue durée (plus d'un an) ou de très longue durée (deux ans et plus) est le plus fort.

Chez les cadres, le retour à l'emploi après 50 ans est jugé quasi impossible. Huit mois après s'être inscrits comme demandeurs d'emploi, 55 % des cadres âgés de 30 à 49 ans ont retrouvé un travail, analyse Jacky Châtelain, directeur général de l'Association pour l'emploi des cadres (APEC). Cette proportion tombe à moins de 10 % chez les quinquagénaires. Les habitudes de recrutement sont très ancrées et, à partir de 45 ans, la discrimination joue à plein. Compte tenu de la persistance des difficultés économiques, les seniors ont peu de chances de voir leur situation s'améliorer rapidement.

Au-delà des difficultés structurelles, pointées mois après mois, les statistiques mensuelles du ministère du travail mesurent mal un phénomène pourtant massif : la précarité. Le chômage frappe d'abord les salariés les plus fragiles : travailleurs intérimaires qui servent de variable d'ajustement aux fluctuations de la demande - et salariés en contrat à durée déterminée. Entre juillet 2002 et juillet 2003, les entrées au chômage à la suite d'une fin de CDD progressaient de 8,1 %. Elles concernaient plus de 118 000 personnes.

Or les salariés précaires sont aussi les chômeurs les moins bien protégés. Ils peinent à accumuler les durées d'activité suffisantes pour pouvoir être indemnisés. La dernière convention d'assurance-chômage leur complique la tâche. Aujourd'hui, un chômeur indemnisé sur deux par l'Unedic (plus d'un million de personnes) est issu du travail précaire. Selon FO, les entreprises d'intérim versent 1,4 million d'euros en cotisations chômage. Mais les allocations versées aux travailleurs précaires représentent, elles, quelque 7 milliards d'euros...

Le pire est que tous ces chiffres sont faux. Nos politiciens incapables de résoudre le problème du chômage en sont très vite venus à vouloir nier le phénomène, truquant les chiffres. Exit les personnes dégoûtées qui ne s’inscrivent plus, les gens travaillant à temps partiel non volontaire, ceux mis en préretraite, les formations bidons inutiles...

C’est un peu les vases communicants : les faux électeurs sont de plus en plus fréquents, par contre les vrais chômeurs disparaissent : comprenne qui pourra !

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