02/02/2007

Les hormones du désir, du baiser à l’amour

Le baiser n’est pas universel, du moins sur la bouche ; ou au contraire, comme en Russie, il est courant entre hommes pour se dire bonjour. Le baiser français est spécifique, s’effectuant avec la langue. A quoi correspond-il ? Le désir épaissit la salive, ce qui rend le baiser particulièrement savoureux. Les hormones du désir fouettent le sang, donnant un contentement animal.

Qu’est-ce que le baiser ? Le rappel de la succion du sein maternel, le rapport oral au monde qui fut l’un des tout premier du bébé, le désir physique, l’amour psychique qui donnent envie de rentrer matériellement dans l’autre ? C’est en tout cas un puissant anxiolytique.

Il en va de même pour l’amour. Le comportement amoureux est né de la nécessité d’assurer la reproduction de l’espèce. Deux adultes se trouvent merveilleux, veulent rester ensemble. L’alchimie cérébrale hormonale crée une addiction et les rend aveugles aux défauts de l’un ou l’autre : elle leur permet de rester ensemble pour la survie de l’enfant.

Il existe apparemment des facteurs de complémentarité immunitaire que notre cerveau cherche inconsciemment chez l’autre, les odeurs ayant un rôle, traduisant des informations génétiques concernant ce système. Des expériences ont montré qu’un individu préfère quelqu’un qui a un système immunitaire très différent du sien, maximisant les possibilités de bonne vie de l’enfant.

L’homme cherchera chez la femme tous les critères de beauté féminins qui sont, en réalité, des critères de fertilité : cheveux épais, peau très lisse, yeux brillants, lèvres pulpeuses… la femme cherchera un homme qui possède tous les signes de force : un taux de testostérone élevé, des muscles et des ressources matérielles.

Elle n’aura pas forcément les mêmes critères de recherche pourl’homme qui lui servira à faire un enfant, et pour celui qui sera chargé de l’éduquer avec elle. Muscles et patrimoine héréditaire pour le premier, biens et capacité d’éducation pour le second.

Voici les principales hormones concernées :
les phéromones sont des molécules invisibles et volatiles produites par les glandes apocrines situées sous les aisselles, autour des mamelons et dans les aines. Inodores, les phéromones sont évacuées en dehors du corps et captées par autrui par un autre système que l'odorat traditionnel. Ce sont notamment l'androsténol, un des composés de la sueur « fraîche » de l'homme, et la copuline que l'on retrouve dans les sécrétions vaginales de la femme sont les principales phéromones sexuelles.

Elles auraient de réels effets attractifs ou répulsifs entre deux personnes selon qu'elles sont compatibles ou pas. L'odeur d'une personne, si elle nous est agréable, nous permet de nous sentir bien et en sécurité, ce qui favorise le rapprochement. Si l'odeur nous est désagréable, nous serons portés à nous éloigner. On ne tombe pas amoureux d'une personne que l'on ne peut pas « sentir ».

La phényléthylamine ou PEA : lorsque vous devenez amoureux, vous en produisez une grande quantité, ce qui entraîne des effets semblables à ceux causés par certaines drogues ou par des sports extrêmes. Elle réduit l'appétit et provoque une certaine hyperactivité. Elle stimule le relâchement de la dopamine qui permet de renforcer certains comportements qui nous apportent du plaisir et de la satisfaction, émettant un signal de bonheur à effet euphorisant.

Cette période d'allégresse irait jusqu'à six ans. Peu à peu, l'organisme s'habitue à la phényléthylamine. Le sentiment d'allégresse s'atténue. Ce peut être la fin du couple, un des membres pouvant chercher de conquête en conquête les effets euphorisants de la phényléthylamine et la personne délaissée sera alors en manque : c'est le chagrin d'amour.

L’hypothèse est que la nature privilégie l’éducation de l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse s’en sortir seul, entre trois et six ans. Bien jeune encore en fait pour survivre, mais assez pour se déplacer seul, manger, boire, chercher un coin pour dormir à l’abri, suivre à peu près le groupe dans ses déplacements. Mais si le couple passe ce cap, d’autre hormones peuvent prendre la relève.

Après les hormones de la passion, les endorphines : lorsque l'organisme s’habitue à la phényléthylamine, le cerveau produit les endorphines, qui possèdent les mêmes propriétés que la morphine, apportant le calme, soulageant la douleur et réduisant l'anxiété. Le sentiment de bien-être qu'elles procurent se traduit par une relation affective très forte que l'on ne veut pas interrompre. Vous pouvez maintenant parler, manger et dormir en paix. C'est l'amour attachement, l'harmonie complète. Un bonheur tranquille qui peut durer des années, si on passe à travers le sevrage de phényléthylamine.

L'ocytocine est libérée dans le cerveau et dans le système reproductif chaque fois que nous touchons quelqu'un que nous aimons. Il y a une augmentation de l'ocytocine pendant l'orgasme, et pendant l'accouchement et l'allaitement. Elle augmente notre sensibilité au toucher et nous porte au rapprochement et aux étreintes. C'est une sorte de «colle hormonale» qui nous garde ensemble longtemps après l'épuisement de la phényléthylamine.

Quand un couple s’embrasse, se caresse, fait l’amour, ou même bavarde tranquillement à un dîner, il y a libération d’ocytocine induisant un sentiment de bien-être. Elle stimule le système immunitaire, ralentit le cœur, met le corps en situation d’apaisement. Les couples qui gardent ces comportements amoureux durent plus longtemps. Ils ne sont plus dans la dépendance, mais dans le bien-être.
Avec l’évolution de la société, les hommes qui n’ont que de la testostérone à proposer risquent de disparaître du marché. Vingt générations suffiraient à modifier le génome d’une espèce au point d’en créer une nouvelle. Aujourd’hui encore, une femme qui veut mener une carrière et avoir un compagnon s’occupant des enfants reste d’abord attirée par un homme qui possède de gros muscles.

Toutes ces informations sont à prendre avec pondération. Les scientifiques et psy n’en savent pas long sur l’amour, avec en plus leurs biais culturels qui peuvent fausser les résultats.

Ce qui est certain est que l’amour ressemble à bien des égards à une drogue : comme elle, il ne peut s’accumuler, on ne peut en faire des réserves, on a toujours besoin de l’être aimé, le voir, l’approcher, le toucher ; sinon on est en manque. On peut tuer pour l’avoir, le garder ; on peut mourir si on le perd. Son contact vous met dans le nirvana.

Pour l’heure en tout cas, il ne faut pas oublier que l’amour est une étrange alchimie biochimique, culturelle, psychique, mais aussi d’intérêts, et qu’il ne saurait se réduire à des données matérielles, ni se définir réellement.

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