Pourquoi les couples se séparent-ils plus que par le passé ?
On s’esbaudit, s’étonne ou s’indigne du nombre de séparations des couples contemporains. On tente même d’y trouver une explication scientifique : la nature aurait prévu un attachement de une à trois années entre l’homme et la femme, le temps de gestation et de protection minimum de l’enfant à naître. Cela me paraît quelque peu fantaisiste, surtout si on considère que le petit humain ne saurait se débrouiller seul dans le meilleur des cas avant l’âge de cinq ans au sein d’un groupe, et encore.
Les arguments pour expliquer le nombre effarant de séparations conjugales sont nombreux. Les spécialistes arguent d’une vie plus difficile à supporter, une sphère familiale en état de décomposition avec des parents davantage stressés par leur métier (ou absence de), leurs enfants bien moins obéissants que dans les temps passés, des appartements plus petits, sans soutien familial pour garder les enfants en bas âge, aider à la cuisine, donner un peu d’argent, ou tout simplement de la chaleur humaine, de la sécurité affective.
Auparavant, la femme ne travaillait pas dans les pays occidentaux. Elle était tenue par l’argent de son mari, ne pouvait sortir du couple, d’autant plus qu’un divorce était porteur, surtout sur elle, d’une honte et d’un rejet phénoménal de la société.
Le couple se mariait pour la vie, le plus souvent à l’intérieur d’une zone géographique assez étroite : village, petite ville ou quartier d’une grande ville. Puis est venue la révolution industrielle, avec son lot de malheurs, de changements de métier, de déracinement du village. Le temps de loisirs augmenta, avec de moins en moins d’heures travaillées dans l’année, amenant le tourisme, le mélange des populations. Enfin le cataclysme internet acheva de bouleverser les mentalités et moyens de rencontre.
Les couples multiculturels sont plus fréquents, avec la baisse du racisme, de la moindre peur de l’autre ou de l’inconnu. Les barrières sexuelles sont moins fortes, avec la pilule, voire l’avortement toujours possible. Tout cela provoque des rencontres plus libres et fréquentes. Le qu’en dira t-on disparaît peu à peu, même si ici ou là il garde encore une certaine force. On ne se marie même plus, ainsi la rupture sera plus facile, moins douloureuse financièrement pour le ou la plus aisé (e).
Toutes ces différences de culture, de garde fou, facilitent rencontres, amour sexuel, liaisons plus ou moins durables. Avec à la clé, des séparations bien plus aisées également.
Tous ces arguments ont une certaine pertinence, mais le principal de l’explication de cette nouvelle réalité me semble plus simple. Avant, certes, on se mariait pour la vie. Mais la vie était courte. A 50 ans, on commençait à être vieux, fatigué, et les gens atteignant 70 ans n’étaient pas bien nombreux. Maintenant, on parle de quatrième âge. Les centenaires prennent une place conséquente dans notre société, et les gens de 80 ans sont souvent bien portants. Tous les dix ans, on gagne six mois de qualité de vie, et trois mois de vie supplémentaire en moyenne. C’est à dire que voici cinquante ans, on vieillissait bien plus vite.
Alors ces vieillards fringants désirent continuer à vivre, et à bien vivre, et surtout à ne pas s’embarrasser d’un conjoint qu’ils n’aiment plus. Si avant on ne se mariait pas forcément par et pour l’amour, cela devient de moins en moins le cas. La vie est bien plus longue. Avant, se marier pour la vie signifiait se marier pour 15 ans. Maintenant, c’est pour cinquante ans, ou davantage encore ! Alors on se sépare bien plus qu’auparavant.
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